The sea in Siberia

Siberia, its vast expanses, its forests, its rich flora and fauna, its superb Lake Baikal… and finally its famous train… the Trans-Siberian!

En route pour le lac !

Mercredi 10 juin, nous voilà partis sur les routes russes !
Après 6 mois en Asie, beaucoup de petites choses nous montrent qu’on se rapproche bien du “vieux continent”, l’Europe. Nous sommes contents de retrouver quelques repères : des petits détails d’architecture, d’urbanisme à Oulan Ude. Au déjeuner, un simple plat de pâtes au fromage avec de la “charcuterie” nous fait sauter de joie ; des goûts oubliés… On n’en est pas encore à la petite madeleine de Proust, mais c’est pas loin !

Rapidement après Oulan Ude, nous arrivons dans une épaisse forêt de résineux qui se mélangent peu à peu aux jeunes feuilles printanières des bouleaux. Taïga nous voilà !
Dès le premier jour, une jolie montée à travers la forêt nous fait prendre de l’altitude pendant 20kms. Nous nous disons que c’est peut-être le dernier col de notre voyage… qui pourtant est loin d’être fini (pour info, retour prévu mi octobre) ! Au sommet, les Russes jettent des pièces de monnaie : c’est un lieu sacré bouriate, et selon la tradition, lancer une pièce au passage apporte de la chance sur la route. Puis s’offre à nous une superbe descente ; nous nous arrêtons un peu plus loin dans la plaine pour poser la tente près d’une rivière.
Le lendemain, on continue avec ce même paysage et une route qui joue aux montagnes russes. Tout ça nous épuise bien, et seulement 1km avant le lac Baïkal – les belles choses savent se faire attendre -, on trouve un joli coin pour la tente au bord d’un autre petit lac. On se dit que c’est le spot de rêve pour un bivouac, mais c’est qu’on ne connaît pas encore ceux qui nous attendent les jours suivants…

Y’a-t-il la mer en Sibérie ?

Le 12 juin au matin, au détour d’un virage, entre les arbres, le voilà ! Le lac Baïkal, son immensité bleue grande comme une mer mais calme comme un lac. La plus grande et plus profonde étendue d’eau douce du continent. C’est très beau ; on roule toute la journée à proximité, mais rarement au bord : le lac joue souvent à cache-cache derrière les arbres… On est surpris du vent qu’il peut y avoir, des plages de galets et de sable tout autour ; on se sent vraiment au bord de la mer ; même les goélands sont là pour nous y faire croire.

Le soir, c’est une évidence pour nous qu’il faut bivouaquer sur ses rives. On s’aventure sur un petit chemin qui semble y mener. Arrivés au bout du chemin… mince, un campement de yourtes (probablement pour touristes) et de petites maisons. Alerté par ses chiens, un petit papi s’approche de nous. Quand il comprend ce qu’on cherche, il nous dit de le suivre et nous emmène un peu plus loin sur la plage. Il nous montre une table en bois et des zones bien plates pour poser la tente, protégés du vent. L’endroit est magnifique. Encore chauds de notre journée de vélo, on va se baigner dans l’eau du lac : un peu fraîche, mais ça va ! Il revient dans la soirée s’assurer que l’endroit nous convient et que nous n’avons besoin de rien. Coupés du monde dans un endroit splendide, avec de l’eau potable à volonté, de quoi pourrions nous manquer ? Car oui, il paraît que le lac a gardé un écosystème encore protégé des pollutions humaines et l’eau est potable telle qu’elle. Mais nous n’avons pas tenté le coup et l’avons toujours faite bouillir ou filtrée…
Pour la première fois depuis le début du voyage, je passe une nuit un peu malade. Du coup, le lendemain est un peu dur. Surtout que la route en bitume se transforme en piste sur de grandes parties. Alors les soubresauts des pistes défoncées quand on a mal au ventre… ouïe ! On arrive quand même à pédaler les 60kms qui nous séparent de Ust-Barguzin, notre objectif du moment.

Retournements de situation

Le plan est d’aller dans une guesthouse qui nous a été recommandé plusieurs fois, mais la suite est un gros point d’interrogation. Nous ne savons même pas où nous serons le lendemain.
Le but à l’origine était d’aller à cette ville pour prendre un ferry vers l’île d’Olkhon (prononcez Olrrhone : comme Toblerone mais avec moins de lettres !). Sauf que nous nous sommes aperçu tardivement que la saison pour les ferries ne commence que début juillet. Nous n’avions pas changé nos plans et dis que nous aviserions. Sauf que nous voilà à Ust-Barguzin, nous n’avons trouvé personne pour partager le coût exorbitant d’une traversée privée, et nous n’avons toujours pas de réponse à la question “et on fait comment après ?”.

Nous nous installons donc dans la guesthouse des Beketov ; il paraît que la nuit porte conseille. Au Banya de la guesthouse, on oublie tous nos questionnements ; le Banya c’est une sorte de sauna russe – où l’on peut aussi se “doucher”. Un moment de détente parfait après cette journée ! Après un repas de produits locaux servis par la maîtresse de maison, on passe une bonne nuit au chaud dans une maisonnette sibérienne traditionnelle, tandis qu’un bel orage éclate dehors… Ok vous allez dire qu’on s’embourgeoise ! Eh ben on est tellement bien qu’on remet ça pour une deuxième nuit !
Et puis surtout, on se rend compte qu’on a beaucoup de temps pour le plan B décidé : faire un petit tour dans la région, puis revenir à Oulan Ude en bus pour y prendre le transsibérien, au lieu de le prendre à Irkoutsk. Bref, un jour de repos à profiter du jardin et du soleil, et terminer nos projets en cours.
Au dîner le dimanche soir, notre hôte nous dit qu’elle attend un groupe de 12 français. Et oh miracle ! Ils vont à l’île d’Olkhon en bateau le surlendemain ! Ils arrivent dans la soirée ; on fait la connaissance de ce groupe de voyageurs, dont une bonne partie est retraitée ; un groupe avec une joyeuse ambiance ! Rapidement nous apprenons que nous pouvons nous joindre à eux dans le bateau qu’ils ont réservé. Énième changement de plan : on va à Olkhon mardi !

Journée plage

Nous avons donc encore une journée à passer à Ust-Barguzin. Nous décidons de la passer à la plage et donnons rendez-vous au groupe pour le lendemain matin.
Au déjeuner sur la plage, un bouriate (russe d’origine mongol), vient nous parler, se dépatouillant comme il peut avec son faible vocabulaire anglais ; il est gentillement éméché, et nous offre un peu de vodka après avoir passé un long moment à effectuer des rituels auprès du lac (au cours duquel plus de la moitié de la bouteille a dû partir dans le lac). Nous apprendrons après que c’était probablement des rituels chamaniques ; était-il chaman ? On ne le saura jamais. Il nous dit beaucoup aimer les français, nous offre à manger le bout de “charcuterie” qu’il avait pour accompagner sa vodka, puis nous parle (très) longuement de son grand père disparu en Pologne à la seconde guerre mondiale et dont sa famille essaie de retrouver le corps (ou en tout cas est-ce ce qu’on en a compris).
Il fini par partir et on va se mettre dans un coin plus caché de la plage, où on trouve même une petite table en bois. Encore un bivouac parfait ; avec un coucher de soleil source de nombreuses photos…

Olkhon !

Après une baignade matinale pour Thomas, nous retrouvons au port notre groupe de voyageurs. Nous passons les 9h de traversée à discuter, manger, rigoler, et profiter du soleil sur le pont. Une journée très sympa ! Et sur les dernières heures, nous découvrons la face ouest de l’île d’Olkhon, du nord au sud, ses falaises, ses criques, ses sommets… Joli!

Une fois débarqués à Olkhon, on repère vite l’église de la ville. Nous sommes attendus chez Sergueï, un russe francophone qui est sacristain de l’église orthodoxe de l’île. Il nous accueille en échange d’aide dans les travaux de sa maison. Un plan refilé par un autre cyclo.
La chambre où nous logeons a une belle vue sur le lac, les couchers de soleil sont une fois de plus superbes – quoique le paysage soit un peu entaché par un feu de forêt qui dure depuis 3 jours sur la rive d’en face. Nous passons la journée du mercredi à faire de la peinture. C’est un plaisir de faire un peu bouger ses bras après avoir tant fait fonctionner les jambes !
Mais le lendemain, rien ne va, tout nous déçoit : les incompréhensions avec Nadia, son adooorable cuisinière, la difficulté de visiter l’île à vélo à cause de pistes vraiment défoncées ou pleines de sable (il n’y a pas une seule route goudronnée sur l’île), la galère apparente de trouver un bus où l’on puisse y mettre les vélos pour aller à Irkoutsk, et surtout, le manque d’échange avec Sergueï et la désagréable sensation qu’il profite de la situation… Le moral est un peu en berne, mais malgré tout, la vue est splendide et on n’arrive pas à en perdre notre humour. La galère est moins pénible au soleil pourrait-on chanter…

Irkoutsk, capitale de la Sibérie

C’est pour échapper à ces galères que nous n’hésitons pas longtemps quand Sergueï nous propose de venir dans sa camionnette pour aller à Irkoutsk le lendemain. Un jour plus tôt que prévu, mais peu importe. Nous profitons de la soirée autour du feu avec d’autres voyageurs, mais avec malgré tout le goût amer d’avoir raté quelque chose ici.

Après un départ très matinal, 4h de voiture en mode “shaker” à 100km/h sur des pistes, 120 sur la route nous arrivons à Irkoutsk. Nous posons nos sacoches dans une auberge de jeunesse jusqu’au train qui est la nuit du lendemain.
Irkoutsk est une ville plus sympathique que ce que nous imaginions. Une ligne verte peinte au sol nous promène à travers la ville dans les lieux à voir (ça nous rappelle la ligne rouge de Boston !). Nous sommes surpris par les vieux quartiers, très calmes, où de jolies maisons en bois se mélangent à quelques bâtiments modernes. Les pollens blancs qui volent au vent à travers toute la ville donnent une belle ambiance de légèreté.

Et puis samedi soir, en route pour la gare. On est largement en avance mais finalement on ne s’y ennuie pas. Essayer en machine d’imprimer les billets électroniques, devoir aller au guichet, “vous avez les passeports ?”/”Ah non ils sont restés avec Thomas”, aller les chercher, refaire la queue et finalement avoir les billets ; installer les vélos dans le train, devoir aller encore à l’autre bout de la gare pour acheter des billets pour les vélos, revenir au train et apprendre que ce ne sont pas les bons billets ; y retourner avec la provodnitsa (contrôleuse de notre wagon), s’installer dans le train… Ouf, ça y est, il est presque 1h du matin, le train va bientôt démarrer.

Transsibérien ! 80h au programme.

Présentations ! Nous sommes en platskart, c’est à dire la 3ème classe. Un wagon de 8 compartiments ouverts, six personnes dans chaque compartiment. On a réservé deux couchettes en haut pour avoir les rangements à bagages pour les vélos. Au début on regrette un peu car on est sacrément serré là-haut ; et pas moyen d’être assis. Finalement au bout de 24h le train se vide et on peut passer du temps sur les couchettes du bas.
Peu à peu, on prend le rythme du transsibérien. Lire, écrire, faire du montage et discuter un peu avec les gens autour sont nos principales occupations.
Les pauses les plus longues (20-30 minutes), 2 à 3 fois par jour sont des moments attendus par les voyageurs. En marchant d’un bout à l’autre du quai, on aime regarder autour de nous la soudaine agitation qui contraste avec le rythme lent du voyage. Il y a ceux qui font leur footing et leurs étirements ; il y a les vendeurs de nourriture : beignets, poissons séchées ou même une petite mamie qui vient vendre une dizaine de radis qu’elle a dû cultiver dans son potager.
Mais les pauses passent vite et on est déjà de retour dans le train. Depuis les vitres, on voit les paysages défiler. Beaucoup de forêts, des bouleaux surtout, quelques villages de maisons en bois, et quelques cultures aux alentours. La Russie est immense et les paysages évoluent très doucement ; c’est monotone mais assez beau quand même.
A bord, il y a une provodnitsa pour chaque wagon. Derrière leur façade souvent froide au départ, on découvre peu à peu une gentillesse et un désir que tout se passe bien dans leur wagon. Elles maintiennent les toilettes toujours propres, passent régulièrement vérifier que tout va bien.
Pour les repas, une fontaine d’eau chaude qu’on appelle samovar nous permet de retrouver nos délicieuses nouilles chinoises des montagnes du Sichuan, mais surtout de pouvoir faire cafés et thés à volonté.
Passer tant de temps dans le train, c’est aussi prendre le temps de rencontrer d’autres voyageurs. Pas facile de tisser des liens avec la plupart des russes qui ne parlent pas anglais, ou très peu ; et notre mémoire n’est pas aussi bonne que d’autres voyageurs que nous avons rencontré qui sont capables d’apprendre les bases d’une langue en quelques jours (ça nous impressionne toujours beaucoup). Mais nous avons malgré tout fait quelques jolies rencontres pendant ces longues journées, des jeunes russes étudiantes, un couple d’allemands, un coréen…

Bref, après 80 heures, nous voilà à Moscou pour une escale de 48h ; avant de rejoindre Saint Petersbourg pour y accueillir mes parents qui viennent nous rendre visite pour une semaine. On vous raconte ça plus en détails bientôt !

Divers :

La réputation des russes est vraie ! Un abord pas forcément très avenant, mais derrière… souvent une grande gentillesse !

Les Russes aiment-ils faire des cadeaux ? Des bananes, un magnet, une jolie cuillère en bois peinte… Est-ce lié au fait qu’on voyage à vélo, qu’on soit étrangers, ou juste une habitude entre eux ? En tout cas on a souvent des cadeaux. Et à l’inverse, quand on leur propose un café, des biscuits ou autre, ils n’acceptent que très rarement.

– Des détails nous montrent qu’on se rapproche doucement de l’Europe, mais la présence importante de voitures Lada nous rappelle que nous sommes bien en Russie ! Des petites, des 4×4… on en voit de toutes les sortes !

Le russe s’écrit en cyrillique ce qui le rend au départ difficile à lire, de nombreux “faux-amis” : le b est fait un V, le H est un N… Mais une fois appris l’alphabet, on se rend compte que beaucoup de mots sont très proches du français ! ресторан, c’est RESTORAN, restaurant ; вагон, c’est VAGON, wagon ; билет, c’est BILET, billet ; Багаж, c’est BAGAZH, bagages
et plein d’autres ! Merci Froit qui en Mongolie nous avait appris de bons moyens mnémotechniques pour retenir l’alphabet !