En Grèce aussi, on peut chanter sous la pluie.
Que le temps passe vite ! Ces dernières semaines, on a rencontré plein de gens, les soirées étaient toujours bien occupées ; du coup, on a manqué de temps pour vous raconter nos aventures. Rattrapons le retard !
Nous nous étions donc arrêtés au beau milieu de la Grèce…
Mardi 11 novembre, petite journée de 45 kms de route facile. En fin de journée, on trouve un camping au bord de mer qui semble ouvert : en fait il n’y a aucun client mais le propriétaire réouvre les sanitaires rien que pour nous ! Une bonne douche chaude, un peu de lessive. Trop chouette. Le soir, bien installés sur les tables du restaurant fermé, on réitère l’essai des calzones (miam, miam !) en profitant des prises de courant et du wifi.
Le lendemain matin, après quelques kilomètres, on aperçoit au loin devant nous un cyclo : trop cool, ça fait vraiment longtemps qu’on n’a pas croisé de cyclo ! On commençait à penser être les seuls (dingos ?) à cette saison sur les routes ! On appuie fort sur les pédales pour le rattraper. On rencontre Matt, un anglais faisant un tour du monde parti depuis 6 mois. Il voyage seul et avance vite : minimum 100kms par jour. On reste ensemble jusqu’au midi. Une rencontre très sympa !
L’après midi, on visite Xanthi : il y a une petite partie de vieille ville assez jolie. On est marqué par la présence de très nombreuses femmes voilées : dans un pays à 98% orthodoxe, on n’avait plus l’habitude. En se renseignant un peu on apprend que l’histoire de la ville a été tumultueuse, ayant été successivement turque et bulgare avant d’être grecque.
À la sortie de la ville, on s’arrête dans un magasin de vélo pour une petite réparation sur le vélo de Thomas. Le vendeur parle anglais alors on raconte un peu notre aventure. Autour d’un thé, il nous dit lui aussi son inquiétude pour les jeunes de son pays. Je trouve un compteur tout beau (car l’ancien m’avait lâché) : il nous fait une belle ristourne, très sympa.
Plus tard sur la route, aux abords d’un village, on voit un panneau « hot water springs » : inspirés par l’idée, on essaie de trouver où c’est. On fini par rentrer dans un champ avec des bâtiments qui semblent plutôt abandonnés… sauf une petite maison dans un coin. Un ptit monsieur bedonnant nous accueille à bras ouverts et nous présente le lieu : une source d’eau chaude sort de terre à 50°, naturellement riche en soufre, fer et autres minéraux ! Et dans la petite maison, l’eau est récupérée pour faire un bain, à 39°. On lui demande pour poser la tente dans le coin : il nous dit de nous installer devant la maison, la grille du « parc »sera fermée pour la nuit de 20h à 8h. On pose la tente et on se met en maillot pour un bon bain chaud : après une journée de vélo, c’est tellement agréable ! A la sortie du bain, on est tout détendus… On « discute » un peu autour d’un café (merci Google translate !) avec cet hôte improvisé, et il nous quitte à 20h. On profite du auvent de la maison toute la soirée, entourés de 3 adorables chatons.
Le lendemain à 8h, c’est un couple qui vient ouvrir. Ils sont un peu étonnés de nous voir là mais nous proposent quand même tout de suite un café ! La femme parle quelques mots de français car elle a vécu en France jusqu’à ses 6 ans. Mais on utilise aussi notre guide Routard génial G’palémo. Une fois de plus, il nous est d’un précieux secours !
Au cours de la matinée du jeudi, on traverse une réserve naturelle avec un lac. Les paysages sont superbes malgré le temps gris. Au milieu du lac se trouve un monastère orthodoxe. Un ancien musulman converti, devenu moine orthodoxe, a construit une des église de ses propres mains. Il y a une église pour Saint Nicolas, patron de la mer, et une autre à Marie. Un jeune moine qui parle bien anglais vient discuter et nous expliquer tout ça. Il nous dit aussi que la veille sont venus deux autres cyclos français. On arrivera à trouver leur blog et à prendre contact avec eux… vous verrez plus bas !
Aux alentours du monastère, on voit de très nombreux oiseaux : un vol de centaines de cormorans, très impressionnant ; et une grande famille de pélicans (superbes d’en voir en pleine nature comme ça), des flamands roses, etc.
Malheureusement c’est aussi là qu’il se met à pleuvoir et ça va durer jusqu’au soir… Le midi, on se réfugie près d’une église pour se protéger des trombes d’eau qui tombent. La route de l’après midi n’est pas très sympa, on est repeint de boue, surtout si on a l’imprudence de se rapprocher un peu trop du vélo de l’autre. La nuit approche quand on arrive au village de Sapes. Pas d’hôtel pour se mettre au chaud… Un gars du village nous dit de demander à l’église : le thème de la journée est « églises orthodoxes » on dirai ! 🙂
Une petit dame qui nous voit devant l’église parle un peu allemand : on lui explique notre souci et elle va voir le prêtre pour nous ! Celui-ci vient nous voir et nous dit qu’il n’y a pas de souci pour se mettre où on veut dans les jardins de l’église, il nous ouvre les toilettes et nous montre un endroit à l’abri. Chouette, un auvent pour se mettre au sec pour passer la soirée !
Ça fait quelques minutes que nous sommes posés là lorsqu’un villageois nous interpelle : il nous fait comprendre de venir chez lui. Thomas part voir l’endroit avec lui, puis revient me chercher. C’est une petit maison au fond de son jardin, avec un bon poêle qui chauffe déjà quand on arrive. Trouver cette bonne chaleur après avoir été mouillés toute la journée… on n’en revient pas ! Ce monsieur a 2 filles qui ont la vingtaine et qui parlent quelques mots d’anglais. L’une d’elle nous montre le village dans la soirée ; lui, semble très heureux de nous accueillir, il insiste pour nous offrir un gros paquet d’origan, des sardines, des tomates etc ! On est tout gênés de tant de générosité !
Ce sont ses filles qui insistent pour qu’on reste le lendemain. On a le temps, alors ok ! La matinée, nous allons au bar et discutons toute la matinée autour d’un café (ca, c’est marquant en Grèce : les gens peuvent rester des heures au bar ou au restaurant, pour discuter et refaire le monde).
Puis nous nous promenons dans le marché qui a lieu tous les vendredis, et allons déjeuner dans une taverne. Les filles commandent tout un assortiment de spécialités ; on mange beaucoup, et Thomas refuse de laisser quoique ce soit repartir en cuisine. Le papa arrive après, commande des desserts, on se régale. Au final, c’est lui aussi qui paiera l’addition ! Toute cette générosité encore une fois ! Et nous, on n’a pas grand chose à offrir en échange…
Le soir, direction le cours de danse Pontiac de Maria, une amie des filles. On a juste regardé, pas dansé, rassurez-vous ! C’est une danse traditionnelle grecque : danse de groupe, en cercle, quelques mouvements répétés, le tout donnant une danse à mi-chemin entre le madisson et les danses bretonnes. Vous verrez ça en vrai dans la vidéo que Thomas est en train de préparer.
Le lendemain, il faut bien repartir, direction Alexandroupolis. Une super petite route qui serpente sur les collines. Le temps est toujours couvert mais la pluie a disparu. Heureusement, car nous avons notre première crevaison… après plus de 3000kms ! Merci les pneus Schwalbe !
A Alexandrouplolis, c’est un couchsurfer qui nous attend. On passe une très bonne soirée, à parler de tous sujets très librement ; et Thomas est super content de trouver quelqu’un avec qui échanger des idées de musique. On veille jusque dans la nuit, alors le réveil est un peu dur : le lendemain, du coup, on ne repart qu’à midi !
50 kms à faire aujourd’hui, il faut appuyer sur les pédales pour être avant la tombée de la nuit à Ipsala, juste après la frontière grecquo – turque. La route nous fait franchir plein de collines ; mais finalement on arrive à la frontière vers 15h30. On montre nos passeports au moins 4-5 fois, mais pour la première fois, les douaniers sont plutôt sympas.
Nous avions contact par mails et textos avec les cyclos français dont on vous a parlé plus haut : nous arrivons à nous rejoindre juste après la frontière ! Et ils sont avec une famille de français à vélo aussi. Cool ! C’est super chouette de pouvoir parler français avec d’autres cyclos !
On part donc à la découverte de ce nouveau pays avec un groupe bien élargi : Alix et Benoît (En tandem pour le père), et la famille des « dudus », René, Ema, et leurs enfants Marie (5ans) et Eliot (3 ans) (Un petit vélo dans la tête).
Voilà, la Grèce, c’est donc fini ! Mais en tout cas, malgré le froid et le mauvais temps, on a bien apprécié ce pays !
Ce qui nous a marqué en Grèce :
– La générosité des gens : on nous offre de la nourriture, des cafés et des thés tout le temps.
– Presque tous les gens avec qui on a un peu discuté nous ont parlé des difficultés économiques du pays. Beaucoup de jeunes sont partis trouver du travail en Allemagne. Pourquoi l’Allemagne a-t-on demandé ? Parce qu’il y a des aînés qui y sont partis avant et qu’ils peuvent aller retrouver : les ainés peuvent aider ceux qui arrivent.
– Pourtant ils en veulent sacrément à l’Allemagne ! Plusieurs fois, des gens ont désignent ce pays comme responsable de leurs soucis !
– En Grèce, les jeunes garçons ont encore le service militaire à faire. Ça dure 9 mois. Comme on a rencontré beaucoup de jeunes en fin d’études, le sujet est revenu fréquemment. En général, ils y vont plutôt à reculons…
– Et ce n’est pas la première fois qu’on le remarque, les pays frontaliers ont souvent des méfiances les uns envers les autres. A Sapes, un barman a passé 20min à nous mettre en garde sur les turcs. Il nous a expliqué tout le mal qu’ils ont pu faire aux grecs dans l’histoire et que « encore aujourd’hui il faut vraiment s’en méfier ». La méconnaissance de ses voisins est souvent à l’origine de peurs irraisonnées.
Bref, conclusion : Voyagez les amis !