La Turquie nous accueille, et comment !

Les anecdotes se suivent et ne se ressemblent pas, mais pour l’avoir testée : l’hospitalité turque est remarquable quelque soit l’étage de la société ! Etudiants, riches, pauvres, musulmans pratiquants ou pas vraiment, tous nous accueillent sans soucis !

Première anecdote : la coloc

Nous avons fait nos premiers coups de pédales en Turquie avec nos nouveaux amis français. Nous avions rendez vous, tous les deux, à 4kms de la frontière avec Hassan, un Warmshower étudiant à Ipsala, et ses 3 colocataires. Bon, il se trouve qu’à ce moment là on était… 8 en fait ! On décide de demander en arrivant chez notre hôte si il aurait un bout de jardin où nos amis les dudus et en tandem pour le père pourraient se poser. On arrive très discrètement chez lui (une escorte de mobilettes de 8 à 10 jeunes se forme autour de nous… rassurant comme premier contact avec les Turcs !) et dans une joyeuse cohue d’une vingtaine de personnes au final, Thomas essaie de se débrouiller pour faire comprendre à Hassan que nous sommes 6 de plus que prévu. Il accepte sans souci de nous héberger tous ensemble dans son salon ! Ce groupe d’étudiants aime rencontrer des gens, mais leur anglais est assez limité (ils ne sont pas capable de faire une seule phrase en anglais). On passe la soirée avec plusieurs de leurs amis, à discuter grâce à Google translate, et à chanter des chansons turques pour eux et françaises pour nous, et c’est leur façon de nous dire « Bonjour » !

 
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Nous restons le lendemain pour une journée de repos, les autres français reprennent la route.
La route du surlendemain continue comme elle était à la fin de la Grèce : une succession de collines. C’est une 2 fois 2 voies, avec une belle bande d’arrêt d’urgence rien que pour nous ; la circulation est assez tranquille, sauf les camions qui nous font peur quand ils nous gratifient d’un énorme coup de klaxon (ils ont plusieurs cornes de brume ça fait de la « musique »), à voir leur tête ils ont l’air juste contents de croiser des cyclos !
A tout juste midi, on passe devant… Burger King ! Thomas sautille sur son vélo en se souvenant du goût du dernier qu’il a mangé avec ses potes à Amsterdam. Les serveuses nous disent qu’elles ont eu hier midi une famille de cyclos français. Tiens, on a tous les mêmes idées on dirait ! 🙂
Le soir dans un village on demande à un local une idée pour poser la tente (merci G’palemo : le dessin de la tente, il nous sert souvent celui là !). Il nous fait signe de le suivre en voiture : il nous montre un super champ non cultivé éloigné du village, où on puisse se poser un peu à l’abri des regards. C’est parfait ! … sauf que pour atteindre l’endroit où se poser, on traverse le champ qui est… rempli de gadoue !
Les vélos s’alourdissent d’un bon kilo de terre bien collante, en particulier autour des freins…
Bref, on pose la tente à la frontale ce soir là, pensant être tranquilles. Peu de temps après, 2 jeunes arrivent, on « discute » un peu avec le guide G’palemo, et ils nous font comprendre qu’ils vont acheter de quoi boire et qu’ils  reviennent. Les voilà de retour avec un troisième, qui a internet sur son téléphone : on peut faire de la traduction. Enfin, un semblant de traduction… L’application n’est pas hyper au point et les phrases sont souvent dures à comprendre, voire bien marrantes. Mais on passe un bon bout de soirée, à boire un équivalent du calimucho basque (coca+vin) et grignoter (toujours pas mal de graines de tournesol), en traduisant avec le téléphone. Ils sont tous les trois fermiers au village.  Ce 3ème gars est finalement le plus sympa, on est contents qu’il ait rejoint ses amis (qui au passage, ne tiennent pas trop l’alcool !).

Le lendemain, une graaande descente nous amène à Tekirdag, la grosse ville de la région.
Un peu plus loin, qui voit-on arrêté devant le panneau « Istanbul – 100kms » ? Les dudus ! Ça y est, on les a rattrapé ! On va maintenant rouler tous les 6, avec nos 4 vélos, jusqu’à… Istanbul !

 
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Deuxième anecdote : sur le terrain de jeu

Le soir, on va dans un village pour trouver un endroit pour la nuit. René, le papa, a un super petit papier : avec Google translate, il a écrit en turc un mot expliquant qu’on cherche un carré de jardin, un garage ou autre pour passer la nuit. Ça simplifie pas mal les choses ! De fil en aiguille, on finit par poser les tentes dans un jardin pour enfants, avec robinet, tables en pierre et petit épicier en face. Le grand luxe ! Le petit épicier nous apporte même un plateau de 6 cafés et des petits gâteaux pour les enfants. On fête nos retrouvailles autour d’une bonne bière (qui sont cachées sous une couverture dans l’épicerie) et des crêpes faites maison au réchaud pour le dessert !
La nuit l’orage éclate, un gros tonnerre, des bons flash et une pluie lourde qui nous réveillent tous les deux. Le matin je discute avec les petits de 3 et 5 ans pour savoir s’ils n’ont pas eu peur : « Ah bon, il y a eu un orage ? » .
Le petit épicier nous invite pour le petit déjeuner. On découvre le petit déjeuner turc : fromages, concombres, charcuterie, oeufs, confitures et Nutella. Et du thé, bien sûr ! Ça c’est un petit déj’ de champions !

 
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Troisième anecdote : l’appart inoccupé

Ce soir là on galère un peu : le coin n’est pas « safe » selon les locaux, la nuit tombe, on est 6… Pas facile. On tente d’aller à la mosquée pour voir s’ils n’auraient pas un petit local où passer la nuit. On montre le fameux papier de René, un monsieur le lit, décroche son téléphone, et sans nous adresser un mot, tend à Thomas le téléphone. Au bout du fil, le fils du monsieur parle très bien anglais. Il explique qu’ils ont un appart inoccupé, et que Thomas peut aller voir si ça nous va. On découvre donc un super appart F3 avec électricité et eau chaude. C’est plus qu’on aurait pu imaginer ! En plus une fois installés, le fils du proprio arrive, nous dit qu’il faut qu’on découvre les « pite », spécialité turques un peu semblables à des pizzas : il nous en fait livrer, avec du Pepsi, et du Ayran, une sorte de petit lait un peu salé populaire ici. Après le dîner, Argent (c’est son nom) un ami de la famille qui vit dans l’étage supérieur, nous invite à prendre le thé, avec toute sa famille. Un moment super ! Une famille vraiment chaleureuse ; ils ne parlait pas anglais mais on discutait par des gestes.

Le lendemain, ils nous ont offert un petit déjeuner turc royal !…
Bref, deux familles en or avec le coeur sur la main. Merci encore !

 
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Il a bien fallu repartir de ce petit nid douillet. Une route toujours vallonnée, et le trafic qui s’intensifie, la bande d’arrêt d’urgence qui disparaît partiellement. On sent qu’on se rapproche d’Istanbul !
On quitte donc la grande route pour des petites routes de campagne qui nous feront arriver à Istanbul par le Nord et non par l’Ouest. C’est nettement plus agréable ! Le spot du soir sera dans une forêt. Le problème,  c’est que les turcs semblent avoir des notions quasi inexistantes de l’écologie et qu’ils ont tendance à jeter tous leurs déchets par terre. On s’attaque donc au nettoyage du lieu, armés de sacs poubelles et de gants, avant de pouvoir monter la tente. Il se met à faire froid dans la soirée : 5° à 18h ! Heureusement que René nous a fait un bon feu de camp ! Ce soir là, on s’est couchés juste après manger, on n’a pas demandé plus !

Samedi : 5° toute la journée, la température ne décolle pas. Le froid, quelques soucis de vélos, une montée vraiment dure : la matinée n’est pas de tout repos pour notre fine équipe ! Un bon resto avec grillades nous réchauffera le midi, ouf ! Mais pas facile de repartir pédaler dans le froid ensuite !

 
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Quatrième anecdote : le petit salon

Le soir, on reitère l’essai de la mosquée pour trouver un endroit au chaud. Après quelques temps de recherche, un monsieur vient nous voir en nous tendant ses clefs. Il ne parle pas un mot d’anglais mais a bien compris qu’on cherchait un abri pour la nuit ! On le suit à travers les rues. C’est sa femme qui a les clefs du portail, mais elle est à la mosquée alors on attend quelques minutes. Quand elle arrive, elle rentre, son mari nous dit d’attendre un peu, ferme le portail, et on entend sa femme lui passer une belle soufflante en rangeant la maison. Je suis gênée pour sa femme qui doit accueillir 8 énergumènes sans prévenir, et Thomas est gêné pour le mari qui est en train de se faire engueuler. Chacun de son côté ! 🙂

On hésite à repartir, mais son mari fini pas venir nous chercher. Le temps qu’on range tout notre matériel, sa femme est déjà en train de préparer à manger.  On essaie de montrer qu’on a ce qu’il faut, mais bon, pas facile et on ne pas vexer non plus! Finalement on se régale d’un super dîner,  délicieux !
Eux nous font comprendre qu’ils ont déjà mangé. Après le dîner vient l’heure du thé, qu’ils partagent avec nous. Le poêle chauffe à fond dans ce petit salon, on se croirait dans un sauna !
La femme et la nièce (qui est venue pour aider ?) gardent leur voile, on se demande comment elles supportent la chaleur caniculaire à 1m du poêle sans sourciller. A côté, les deux têtes blondes des Dudus sont surexcités par la chaleur, impossible de les faire se tenir en place.
Avec la fille de 13 ans et un dictionnaire anglais-turc, on arrive à échanger un peu. La fille et la nièce sont très motivées pour essayer de partager avec nous. On apprend que la papa est peintre en bâtiment. La nièce a 19ans, elle se marie l’an prochain, veut devenir professeur de Coran, et quand on lui pose la question de ce qu’elle écoute comme musique, elle nous répond « music? – bad, bad! ». Si on a bien compris, elle n’écoute que de la musique religieuse !

Le lendemain matin, on est à peine réveillés que la femme est déjà en train de préparer le petit déjeuner : on est vraiment accueilli comme des rois, la photo du petit déjeuner en est la preuve !

La journée de ce dimanche, les routes deviennent de plus en plus grosses, mais il y a toujours un peu de place sur le bas-côté pour nous, cyclos. L’arrivée sur Istanbul n’est finalement pas si difficile que ça en arrivant par le nord !
Notre frustration? Pas de panneau d’entrée de la ville. On se rattrapera en posant devant la mosquée bleue, tous joyeux, mais ne réalisant pas trop tout le chemin parcouru. Pour nous, c’est une journée de vélo comme une autre. Il nous faudra quelques jours pour se rendre compte de ce que ça signifie d’être arrivés à Istanbul…

 
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Une semaine de vélos avec d’autres cyclos !

On a passé quelques jours avec nos nouveaux amis français. C’était très chouette de passer du temps avec d’autres cyclos, pour partager nos vécus, pédaler en groupe tout en papotant, se raconter nos meilleures et nos pires histoires.
Il y a un truc par exemple qu’on ressentait et eux aussi : le sentiment que pour vous, ceux qui nous suivent depuis leur maison, on fait quelque chose d’extraordinaire. Alors que pour nous, c’est un jour après l’autre, un voyage, des rencontres, des bons moments, mais ça nous paraît normal ; on n’a pas trop de recul peut-être. Il paraît que certains réalisent leur voyage une fois rentrés en France !
Ce qui était génial aussi, c’est qu’en plus d’être cyclos, ils sont français : c’était encore plus facile ! C’est tellement agréable de pouvoir discuter sans avoir à réfléchir, pouvoir faire des blagues ou des tournures de phrases qui sont comprises par tout le monde…
C’était parfois un peu sportif avec les deux têtes blondes le soir, parce que forcément des enfants, ça remue ; mais c’était super cette ambiance familiale. Eliot et Marie sont très courageux, et pas une fois sur les vélos, on ne les a entendu râler, dire qu’ils en avaient marre ou quoi.
Bref, les dudus, on a adoré passer ce temps avec vous ! Merci !

Quelques trucs marquants

  • Plusieurs fois j’ai eu l’impression que les gens allaient plus facilement vers Thomas. Est-ce à cause de sa barbe qui lui donne un « look turc » ?
  • En arrivant en Turquie, on pensait trouver un écriture arabe ! On a été bien surpris, c’est l’alphabet latin à quelques cédille près !
  • Vous savez qui est Ataturk ? Son portait est un peu partout en Turquie et en particulier dans les écoles. Il a instauré la République en Turquie en 1922-23 (après avoir expulsé les minorités et tués ceux qui le dérangeait, mais ça c’est un peu oublié !). Il a instauré l’école publique, a remplacé l’alphabet arabe par l’actuel, donné le droit de vote aux femmes, et plein d’autres choses.
  • Il y a plus de 3000 mots « français » en Turc : ambulans, polis, pardon (bien pratique), … C’est aussi Ataturk qui les aurait intégré à la langue car il aimait la France (c’est ce qu’on nous a dit)
  • Les jeunes Turc doivent aussi (comme les grecs) faire le service militaire. Il dure 11 mois.
  • Quelques chanteurs français sont arrivés jusqu’ici : en particulier Stromae et son « Papaoutai » !