Cambodia ! Suite et fin.
On a repris la route après Phnom Penh le samedi 10 janvier au matin. On est super contents de pouvoir à nouveau pédaler ; après l’accident on avait imaginé quelques instants que si je m’étais cassé quelque chose, le voyage pouvait se finir là. On profite donc encore mieux que l’aventure continue !
C’est reparti !
À la sortie de la capitale, nous nous retrouvons rapidement dans des paysages avec des rizières vertes à perte de vue, superbe ! C’est aussi une région musulmane, avec des mosquées un peu partout, c’est étonnant, ça change !
Puis les paysages se modifient et nous avons à nouveau des paysages de champs jaunes (rizières récoltées et asséchées) avec des cocotiers et des vaches ou des buffles tout autour de nous. La route est assez passante, pas mal de camions : les buffles au milieu de la route sont bien les seuls choses qui obligent les camions à ralentir ! Il y a aussi dans le paysage quelques marais où lotus et nénuphars s’épanouissent. On retrouve aussi la chaleur et on s’arrête régulièrement pour déguster un bon coca bien frais.
Le premier soir on pose la tente dans un temple. Peu de moines, une dizaine tout au plus. On discute comme on peut, on s’échange nos facebook… et on a maintenant un moine cambodgien qui a liké notre facebook Intothewheel et publié une photo de nous avec lui ! La class, non ?
Le deuxième jour ressemble au premier. Toujours la route très plate, les mêmes paysages, peut-être un tout petit peu moins de circulation. Du coup, ça n’incite pas trop à la flânerie ; le soir, à Pursat, on fête nos 106 kms du jour en dormant dans une guest house. C’est 5$ la nuit, soit le prix moyen des Guest House de base ici (c’est à dire douche froide et pas de clim). Ca va, ca ne nous ruine pas trop.
Le lundi matin, on se motive : on décide qu’on arrivera à Battambang le soir : on a fait 106 kms la veille, on peut recommencer une deuxième fois. On y arrivera après une journée un peu longue : des paysages qui deviennent monotones, toujours pas mal de bus qui nous doublent en klaxonnant, et des douleurs au dos et aux fesses de tant de kilomètres sur la selle. Toutes ces heures, nous ont laissé le temps de penser, se souvenir du mariage, de nos premières semaines de route, la famille, les copains… C’est sympa aussi parfois d’avoir du temps pour ces souvenirs !
Bref, au total, en 3 jours, on aura pédalé exactement 300 kms. C’est un record pour nous !
Le lendemain matin, 6h45, nous pouvons grimper dans le bateau en direction de Siem Reap. C’est là que commence une histoire qui nous a mis sur le c…
En s’installant sur le bateau, on rencontre deux autres cyclos français, un père et son fils. Le père, retraité, voyage depuis 5 ans à vélo autour du monde. On discute de nos aventures respectives (et après 5 ans, il en a vécu des choses ! Et il est trèès bavard). Un peu plus tard, on se rend compte que mon vélo et le sien sont étrangement identiques, sacoches comprises. Étrange ?
Non ! Le monde est simplement tout petit ! Armindo est en fait l’ex-mari de celle qui m’a vendu mon vélo d’occasion !! Ces deux jumeaux ont déjà fait 10 000 kms ensemble et se retrouvent pour quelques heures ! C’est vraiment dingue !
Bref sinon la traversée est superbe. 8h de bateau, on traverse des villages au bord de l’eau, voire complètement sur l’eau. Et l’arrivée sur le lac Tonlé Sap avant d’accoster non loin de Siem Reap.
On trouve une guest house avec nos nouveaux amis dans Siem Reap.
(Info aux éventuels voyageurs : Wat Bo Road regorge de guest house à 7-8$ la nuit).
La malédiction des temples d’Angkor
On passe 3 jours à visiter les temples d’Angkor.
Au niveau des temples : oui c’est très beau, mais un peu gâché par le tourisme de masse pour les plus connus. Pas facile de profiter complètement quand il y a des cars de chinois qui sont partout. La solution ? Profiter de temples moins connus (Ta Keo, Bayong, Neak Pean…), ou à horaire à moindre affluence : on a adoré le Bayon entre midi et deux ; ou Ta Prohm (celui dans les arbres) à 8h du matin ! C’était génial de crapahuter entre ses ruines dans les petits recoins : on s’imagine vite être les explorateurs qui découvrent le site.
On a aussi fait 2 levers de soleil au dessus d’Angkor Wat. Par contre, ne croyez pas être seul pour ce moment ! A 5h30 à l’ouverture des portes, oui, oui, il y a déjà des centaines de personnes qui accourent pour avoir LA bonne place ! Impressionnant !
Grâce à nos vélos, on a pu parcourir tranquillement cet énorme parc, c’était chouette. Et c’est vraiment bien de passer 3 jours de suite dans le site. Ça permet de prendre son temps, de sentir mieux l’ambiance des temples ; imaginer la vie à l’époque, profiter des temples plus calmes. Et le troisième jour, Thomas a pu mettre en pratique toutes ses idées de photos et de films. Surveillez l’arrivée du film du Cambodge, il va y avoir de la nouveauté !
Par contre le pass de 3 jours coûte 40$ : c’est quasiment l’équivalent d’un salaire moyen Cambodgien ! On s’est posé la question du prix et de ce qu’ils en faisait réellement… Uniquement pour l’entretien et la restauration des temples ? Ça nous paraît énorme…
Et sinon, vous avez déjà entendu parlé de la malédiction d’Angkor ? Pas mal de galères lors de ces visites ! Les cafés qui se renversent, la gopro volée, et même… découvrir une fois qu’on est au fin fond du parc qu’on a perdu les clefs du cadenas des vélos, vélos accrochés entre eux bien sûr (ca serait pas drôle sinon !). Attraper un Tuktuk, chercher dans l’endroit où on avait été avant. Ne pas les trouver. Rester zen. Et là, une lueur d’espoir ! À quelques mètres de nous, Thomas reconnait le Van des allemands baroudeurs qu’on avait croisé 10 minutes dans les bouchons à la sortie de Phnom Penh ! Une fois notre problème expliqué, ils nous ont embarqué dans leur camping car, et on a été rechercher les vélos. On avait l’air malin à mettre 2 vélos accrochés l’un à l’autre dans un van ! Nos amis nous ont ramenés à l’hôtel où, ouf !, on avait bien laissé le double des clefs dans une autre sacoche. Finalement, ça nous aura permis de passer un chouette moment avec eux à se raconter nos périples. Tout est bien qui fini bien !
Le Cambodge, version non touristique
On a repris la route le samedi matin (17 janvier) – une gopro 3+ en poche, durement négociée dans un magasin de la ville.
On est heureux de retrouver la vraie vie Cambodgienne dès la sortie de la ville, après 3 jours passés à « Disney Land » – à Siem Reap, tout il est beau, tout il est propre (y’a même des poubelles !), tout il est cher aussi !
Au déjeuner, on fait une belle rencontre avec un guide local : il a conscience de l’état de son pays, de la corruption, nous parle de démocratie, de culture, d’éducation. Il veut aller étudier à l’étranger et revenir pour améliorer la vie des gens. OK, ce sont de belles paroles, mais la prise de conscience est un début. A quand un printemps cambodgien ?
Après le déjeuner, on passe par une route qui restera dans nos mémoires. On quitte la grande route pour emprunter une plus petite ; elle se transforme en chemin de terre qui passe à travers de superbes paysages de rizières et de buffles, c’est hyper calme et serein. On est quasi tout seul sauf quand on traverse 2 jolis villages. On passe aussi à côté d’un mariage, c’est rigolo !
Quand on retrouve la route asphaltée, la circulation est très allégée. On arrive dans des zones reculées du pays. Il n’y a plus que des petits villages. Les gens sont plus sympas. Le soir après une mini crevaison pour Thomas, on pose la tente dans une pagode (= un temple), toute en bois. Une nuit tranquille en apparence… sauf qu’à 300 m de là, les villageois préparent une grosse fiesta pour la nouvelle « porte » du temple. Et les fiestas khmers, c’est musique horrible à fond ! Heureusement ils sont couches-tôt et ça finit à 22h. On va y faire un tour accompagné d’un moine pour aller acheter à manger. Ce moine passera la soirée avec nous, en nous faisant de grands discours en khmer, sans qu’on ne comprenne un mot ! Lever de soleil depuis la tente orientée pile vers l’Est. C’est plutôt class. Bon après une nuit un peu agitée quand même. Ce temple a l’air d’accueillir plusieurs adultes qui semblent avoir un retard mental… qui ont été plutôt bruyants pendant la nuit…
A peine 5 kms après cette pagode se trouve le temple de Mealea, qui fait partie des temples d’Angkor. Il est 7h45, on entre par une entrée sur le côté : entrée gratuite ! C’est un lieu superbe, très impressionnant : il est envahi par les arbres, très écroulé, mais des passerelles en hauteur permettent de voir la grandeur de ce qu’il devait être. Et comme il est tôt, on est quasiment seuls. À la sortie, un garde est devant l’entrée où on est passés. On a eu de la chance de passer tôt !
Quelques coups de pédales plus tard, il faut s’arrêter : le pédalier de mon vélo ne tourne pas rond ! Examen du cas : ok, il y a un beau jeu ! On peut rouler, mais ce n’est pas très agréable. On est un peu au milieu de nulle part, aucune chance de trouver un magasin de vélo. Que faire ?
On finit par s’arrêter chez un réparateur de moto en se disant qu’il aura peut être de quoi resserrer. Forcément, il ne parle pas un mot d’anglais. Il examine la bête malade, semble avoir une idée d’où vient le problème, essai de resserrer. Ça bouge encore ! Il se met alors à démonter le pédalier… de façon pas très conventionnelle. Pour caler le tout, il fini par découper une canette de boissons énergisante, qu’il roule et met autour de l’axe du pédalier. Un bon paquet de graisse et il remonte le tout. Ah oui et puis aussi, j’ai oublié de préciser : le sol, c’est du sable, qui bien sûr s’infiltre un peu partout sans que cela ne semble gêner notre gentil mécano… Bref, on n’en mène pas large ! C’est une réparation à la cambodgienne, mais au final, ça ne bouge presque plus (et à l’heure actuelle ça semble tenir encore) ! L’heure de réparation nous aura coûté 75 centimes d’euro. Bref, il est 11h30 quand on repart et on n’a fait que 13 kms.
L’après midi, on est dans de grandes plaines sèches et désolées. Beaucoup d’arbres ont été coupés. Pas très motivant comme paysage. Moment sympa quand même : en s’arrêtant boire un truc frais au bord de route on rencontre un autre cyclo, autrichien, avec qui on passe 1h à discuter et se donner des conseils pour la suite de nos routes respectives, lui arrivant du Laos, et nous terminant notre séjour au Cambodge.
Le soir on trouve une place dans une guest house à Koh Ker (mais on ne visitera pas le temple de Koh Ker). Le lendemain, on poursuit notre route ; on se sent vraiment au fin-fond du Cambodge, les maisons en bois semblent souvent prêtes à s’écrouler, la nature est terne et sèche. A beaucoup d’endroits, il font brûler les rizières. En plus pour le déjeuner, on ne trouve aucun resto pour manger pendant bien 1h30. Pas avant Preah Vihear, la grande ville du coin : on fait 54 kms dans la matinée. On décide qu’on s’arrête là pour aujourd’hui, ce qui permet à Thomas de réaliser son film pour le concours vimeo week end challenge, pour laquelle il finira 2ème ex aequo !
Le lendemain, mardi 20 janvier, les paysages sont toujours un peu les mêmes, un peu glauques… Ils brûlent même les forêts, on ne sait pas bien pourquoi. Ni s’ils maîtrisent vraiment leur feu. Il y en a un qui arrive juste au bord de la route (cf 10 secondes par jour épisode 7) ; on passe dans le nuage de fumée, c’est flippant ! Le déjeuner est dans le point déjeuner d’un chantier chinois (le Beguin Say* chinois vient ici construire ses usines de sucre). Oui, les villages sont très espacés, on n’a pas trop le choix du resto !
Ça fait un moment qu’on discute de visiter une école. Alors quand en début d’après midi on passe dans un village, on ose et on entre dans la cours d’une école ! C’est un passage rapide, mais sympa. (Cf Fiche école pour quelques photos).
Puis à la ville de Chhaeng, on s’arrête pour la nuit. C’est un village où on se sent bien : l’ambiance est calme, les gens sont détendus et sympas (à part une mamie aigrie qui tient le resto où on mange la soir). Ah oui et puis au fait, c’est un village qui est au milieu d’une zone de 100kms environ sans électricité courante. Les gens ont une batterie ou un générateur. Pas de lumières dans les rues, on voit trop bien les étoiles. Par contre à 21h, extinction des feux pour tout le monde !
Le lendemain, mercredi 21 janvier : la route est un peu plus vallonnée, mais il y a toujours des feux un peu partout… Avec un vent de dos tout l’après midi (après un déjeuner à base d’une soupe avec des morceaux non identifiés…), on totalise 90 kms dans la journée, et on arrive à la dernière ville avant la frontière : Stueng Traeng (quel nom n’est ce pas ?). On a même un peu de temps pour faire un tour (chercher en vain un magasin de vélo pour réparer plus proprement mon pédalier), et aller prendre un verre au bord du Mékong ! C’est trop classe de siroter une « coconut » fraîche au bord du Mékong, après une chaude journée, et sous les lumières de fin de journée, non ? Nous on a adoré !
Ensuite on se dirige vers un temple en bordure de la ville pour passer la nuit. Le lieu est superbe, au bord du fleuve, dans un grand espace. Ils ont même un petit singe en laisse ! (Dont on n’a même pas de photo !). Bref, on discute avec le moine qui nous accueille, et au moment de monter la tente, il nous arrête et nous montre un autre endroit… on se dit qu’on ne s’est pas compris, comme ça arrive facilement quand on ne parle pas la même langue. Mais non ! C’est que finalement il nous offre sa chambre pour dormir ! C’est vraiment adorable, on ne sait pas comment le remercier.
C’est l’occasion de découvrir l’électricité à la cambodgienne : sur une multiprise, un fil de 220V se promène comme ça, dans une cahute tout en bois… Même pas peur ! Un des moine réparera dans la soirée, quand même.
Le lendemain, c’est notre dernier jour au Cambodge. Nous roulons pendant environ 50 kms dans une zone désertique : passée la ville où on a dormi, il n’y a presque pas de maison. Heureusement on trouve de quoi déjeuner avant de passer la frontière ; car pour affronter ce qui nous attend, il valait mieux avoir les nerfs solides et le ventre plein ! Ah les passages de frontière… mais ça, on vous le raconte la prochaine fois !
D’autres détails en vrac !
– C’est la pleine saison des mariages et des fêtes en tout genre ! Partout ils montent des tentes dans laquelle il font la fête avec des enceintes de son qui ont fait pâlir Thomas.
– les transports : les motoculteurs auquel on bidouille une remorque à l’arrière fait office de moyen de transport : pour les personnes (sorte de « transport en commun »), le matériel, le bois… C’est l’engin à moteur le moins cher ici. Sinon les enfants utilisent beaucoup le vélo (souvent beaucoup trop grand pour eux). Et les adultes la mobylette, surchargée de paquets, de gens, et parfois même transportant des cochons, des poules…
– on a vu pas mal d’accidents de scooter, de la petite chute (avec un enfant derrière quand même), à un peu plus grosse… Quand on voit qu’il y a parfois des familles entières sur un scooter, on se dit que les accidents peuvent être parfois dramatiques !
– poubelles, recyclage… l’écologie, ce n’est pas encore pour aujourd’hui. Les gens n’ont pas de poubelles mais brûlent tous leurs déchets. Ils récupèrent juste les bouteilles d’eau et les canettes de sodas car elles sont recyclées et les gens peuvent se faire un peu d’argent en les récupérant.
– les puits : on a été très étonnés de voir des beaux puits en béton dans des zones très pauvres du pays. Une construction grâce aux humanitaires dans le pays pour que les gens aient de l’eau potable ?
– niveau hygiène toujours : les bébés ici ne passent pas par l’étape du 4 pattes (ou on n’en n’a jamais vu). Le sol est sale, plein de poussières. Du coup, ils sont dans les bras, dans les hamacs, ou dans des trotteurs dès un très jeune âge !
– les français ont été présents dans le pays dans le passé, et on le voit au retour (par rapport à la Thaïlande)…. du pain ! Il n’est pas excellent, mais ça fait plaisir de manger un bout de pain une fois de temps en temps !
– Rythmes de vie : il faut se caller sur leur rythme si on veut pouvoir trouver de quoi manger ! Le petit déjeuner est vers 7h (souvent riz avec porc frit, on adore). Le déjeuner est vers 11h30. Et le dîner vers 18h30. A 20h les restos ferment et à 21h, tout le monde au lit !
– on a rencontré plein d’autres cyclos ! C’est cool, on se sent proches d’eux facilement et on chope plein d’infos sur le Laos et autres, sur ce qui nous attend.
Bilan général après presque un mois au Cambodge
Bon, on ne fera pas de la super grosse pub pour ce pays. On a eu de belles rencontres, vu de beaux endroits. Mais trop souvent des déceptions :
– la sensation d’être un porte monnaie sur pattes : les militaires qui nous « invitent » à prendre une bière et essaient nous faire tout payer ; les restos qui nous font ouvertement payer le double du prix
– des hello des enfants, mais les adultes qui nous regardent un peu de travers. Pas de méchanceté, mais un manque de chaleur.
– une circulation fatiguante avec des coups de klaxon à gogo.
Bref, pas de catastrophe, mais un accueil assez mitigé, loin de l’accueil thaïlandais ou laotien. Mais leur histoire n’est pas la même ; il ne faut pas oublier qu’il y a seulement 40 ans, le pays vivait dans l’horreur absolue. Et puis on a eu la sensation que le pays est plus pauvre que ses voisins : en campagne, il n’y que des maisons en bois, avec le strict nécessaire pour vivre (au Laos, même dans les villages qui semblent pauvres, il y a quelques pots de fleurs devant les maisons, c’est bête, mais ca fait un autre effet)
Tout n’est pas négatif au Cambodge, loin de là ! On a aussi eu de belles rencontres comme ce petit monsieur, amusé de nous entendre parler quelques mots de khmers qui nous faisait plein de sourires ; des moines très curieux et ayant envie de discuter ; le site d’Angkor, très impressionnant, et des lumières magnifiques au petit matin…
Bref, on ne regrette pas d’être passés au Cambodge. C’est plus dur que la Thaïlande ou le Laos, c’est tout !