De la frontière à Phnom Penh

Le 27 décembre en fin de journée, nous avons quitté la Thaïlande sous la pluie, pour découvrir le Cambodge avec le retour du soleil. Juste après la frontière, les montagnes et la jungle laissent place à une grande plaine toute jaune, magnifique avec le retour du soleil ! On découvre les paysages qu’on retrouvera plus loin : des rizières à perte de vue, où paissent des vaches et des buffles.

À quelques kilomètres de la frontière, on entre dans la ville de Kaoh Kong. Une ville-frontière peu intéressante mais qui permet néanmoins de « faire connaissance » avec le pays : on s’initie à la circulation cambodgienne, et on apprend nos premiers mots de Khmer (« bonjour » et « manger du riz »).

Par le biais de notre vendeur de carte SIM pour Internet, on trouve une petite chambre pour 5$ la nuit. Oui, la monnaie, parlons en ! La monnaie du pays est le Riel, mais histoire de compliquer un peu les choses, ils utilisent en même temps le dollar. De quoi se faire parfois des noeuds au cerveau au moment de payer !


Premier réveil au Cambodge, dur de se remettre en route. Je peste pas mal et prend la mouche facilement. Troisième jour de reprise après nos « vacances », c’est ptêtre lié. Ça ne s’arrange pas quand on arrive sur une montée en plein cagnard, très peu d’ombre et pas de vent pour rafraîchir la peau. Il est 10h et il fait déjà au moins 30°. On s’arrête pour boire et se refroidir un peu à presque toutes les zones d’ombres. Heureusement la circulation est faible, et les camions qui nous dépassent vont à peine plus vite. Il y a beaucoup de taxis-brousse plein à craquer : des paquets dessus, derrière, partout où il peut y avoir une place ; et on voit les gens recroquevillés entre tous ces paquets. Impressionnant ! La montée se calme au bout de 10kms environ… On entre alors dans la jungle, l’air est plus frais et il y a plus d’ombre. La route ondule gentillement, et c’est un beau bitume assez récent. On mange le midi à un des rares endroit du coin qui puisse nous servir à manger.

Revigorés par ce déjeuner on continue sur cette route très belle. Nous sommes entourés de cette forêt, on entend des oiseaux, peut être des singes, il fait assez bon, bref, tout va mieux ! En milieu d’après midi, on arrive à Trapeang Rung : on décide de s’arrêter là pour la nuit car le prochain village est à 50kms. On atterri dans la seule Home stay du village : une maison traditionnelle, toute en bois, surélevée, avec chiens, chats, poulets au rez de chaussée ; quand quelqu’un marche, ça fait bouger toute la maison. C’est très rustique, mais ça fait le charme.

Après un réveil matinal pour essayer de profiter de la fraîcheur du matin, on continue notre chemin à travers la jungle.


Dans la journée, la route s’ouvre sur une grande plaine de rizières. Des images superbes avec des buffles, des aigrettes blanches, des rizières et des cocotiers. Thomas se régale pour les photos.

Des petits villages de maisons en bois surélevés, dans la verdure apparaissent aussi. Dans l’un deux, on entend une classe qui compte en anglais : « one, two, three… » On va voir ! On découvre un cours d’anglais pour les enfants du village. Le professeur a 23 ans et sort tout juste de l’université, c’est un cours en plus de l’école, et les élèves paient en fonction de leurs moyens. Une belle rencontre !

Le soir on vise le village de Srae Ambel pour camper. On se dirige vers un temple. Ce sont de jeunes moines, qui sont tout contents de pouvoir pratiquer leur anglais avec nous. Après un peu d’étonnement de notre demande, nous avons l’autorisation du grand bonze de dormir ici ; il insiste même pour qu’on dorme dans la salle de prière. Nous avons de plus en plus de jeunes moines autour de nous qui nous regardent monter la tente et veulent discuter avec nous. C’est une école-monastère, les plus jeunes ont 12-13 ans. Nous sommes surpris de leur niveau d’anglais : les meilleurs nous disent l’étudier depuis 2-3 ans et ils ont un vocabulaire très riche ! Décidément les Cambodgiens sont meilleurs que les Thaï pour l’anglais ! Nous en aurons jusqu’à une vingtaine autour de nous ; malheureusement nous n’avons pas trop osé prendre de photos de ces moments.

On a longtemps hésité sur la route à prendre ensuite. On nous avait dit que la route n° 4 était assez désagréable, mais elle était la promesse d’une soirée de nouvel an à Phnom Penh avec des têtes connues. L’autre solution nous avait été décrite 2 fois comme de très belles routes : descendre vers le sud en bord de mer avant de remonter à la capitale par l’est. Jusqu’au dernier moment nous avons hésité… mais avons choisi l’option 1 !

Pendant presque 2 jours en effet nous avons eu une route seulement à 2 voies avec pas mal de camions, beaucoup (beaucoup) de bruits de Klaxon, et on a dû manger un bon paquet de terre chacun, quand nous roulions sur le côté de la route. Mais ce n’était pas si horrible qu’on nous l’avait décrit.

Et sans ça, nous n’aurions pas rencontré les cycl’on : 2 cyclos français qui arrivaient du Nord du pays. Pendant 2h, nous avons discuté avec eux, ils nous ont donné plein de conseils pour le Cambodge : négocier les prix, apprendre quelques mots de Khmer… voilà pourquoi nous payions si cher les repas ! Ces deux cyclos ont une vision hyper positive et ouverte ; cette rencontre aura été une petite bouffée d’oxygène et nous aura redonné de la motivation pour découvrir le pays.

20kms plus tard, le soleil commence à baisser. A la sortie d’un village, on voit des bâtiments qui ressemblent à un temple. On s’approche : « Military Headquarter ». On n’y croit pas, mais dormir dans une base militaire Cambodgienne, ça c’est du challenge ! On demande au gardien : on nous fait attendre, ça discute, passe un coup de fil… puis on nous fait rentrer ! On est entouré de 5 ou 6 militaires, dont un traducteur anglophone et un qui s’avère être le chef de la base. Ce dernier fini par dire qu’on sera mieux dans une chambre ! On attend encore un peu, car ils ne trouvent plus la clef : c’est toujours ca quand il s’agit de trouver où dormir : un jeu de patience ! On se retrouve dans un petit appart. Le traducteur et un militaire nous accompagnent, on discute, et de fil en aiguille ils passent la soirée avec nous. La fille du militaire se joint aussi à nous. A un moment, ils demandent même à Thomas de venir avec eux pour aller acheter quelques bières, qu’ils lui feront gentillement payer. Quand on va se coucher, ils posent draps et oreillets par terre dans le salon pour dormir ! Nous nous sommes rendus compte ensuite qu’à partir du moment où on est rentrés dans la base jusqu’à ce qu’on en sorte, nous n’avons pas été seul à un seul moment !


Le lendemain on approche de la capitale ! On le sent bien quand en fin de matinée, on passe dans une zone industrielle : des grands hangars alignés à côté de la route principale, usines de tissu, confection de vêtements…. Il est 11h, les gens sortent de l’usine tous en même temps, pour la pause déjeuner : on se sent dans un film des années 50 sur les ouvriers.

Le coin est assez pauvre, ça fait bizarre de se sentir vraiment dans un pays en développement. Mais les plus pauvres en argent sont souvent les plus riches en sourires : au déjeuner, à peine a-t-on sortis quelques mots de khmers appris la veille qu’on reçoit de grands sourires et que le prix de l’addition diminue.

Le traffic s’intensifie peu à peu ; heureusement la route s’élargit un peu aussi ! Je suis assez émue de rentrer dans Phnom Penh à vélo. Ça paraît dingue ! Dans la ville, la circulation est assez sportive : beaucoup de motos, et quelques voitures. Mais on comprend assez vite comment il faut faire. Et finalement, le plus compliqué est de gérer les voitures qui ont tendance à se croire au dessus de tout. Bref, on s’amuse plutôt à conduire là dedans, et on arrive sans difficultés à trouver une guest house pour 8$ la nuit.

Phnom Penh

Nous arrivons donc à Phnom Penh ce mardi 31 décembre pour fêter le passage en 2015 avec d’autres baroudeurs, James et Andrea, nos amis de Koh Chang. La soirée est très animée, entre tournée des bars et feu d’artifice sur les bords du Mékong. C’était génial de pouvoir fêter ce changement d’année avec des gens qui nous ressemblent. Ça fait plaisir de passer le nouvel an avec des amis !

Nous avons profité des jours suivants pour nous reposer et visiter la ville. Nous avons fait la demande de nos visas vietnamiens, que nous avons récupéré le mardi suivant, et nous devions repartir le mercredi. C’est la veille de récupérer nos passeports que nous nous sommes fait renverser par un scooter, ce qui nous a obligé à rester jusqu’au samedi. Une semaine et demi à Phnom Penh, ça nous a paru une éternité… mais bon, c’est aussi ça les aléas du voyage malheureusement.


A Phnom Penh, nous avons donc visité…

LES MARCHÉS

– notre favori est le marché Orussey. Un vrai marché local, pas de touristes ici. Au rez de chaussée les étals de nourriture, des couleurs, des odeurs, ça fourmille de monde. Dehors on a été impressionnés par la partie marché aux poissons et aux volailles : les bêtes vivantes et celles prêtent à être consommées mélangées dans une joyeuse pagaille ; âmes sensibles s’abstenir !

A l’étage des dizaines de vendeurs de robes de soirées magnifiques, et les couturières qui travaillent sur place. Mais aussi des tissus, des habits, chaussures,… Bref je crois qu’on peut presque tout trouver à Orussey, et dans une ambiance locale très agréable.

Pour le déjeuner, on a même un large choix de plats, à l’étage supérieur.

– le marché central : très moderne, bien éclairé, propre. Il est clairement pour les touristes. Mais il est agréable quand même, dans ce grand bâtiment moderne créé par un architecte français qui a fait attention à optimiser la structure pour la lumière et la chaleur. On y a fait quelques courses, c’était l’événement de la journée de s’acheter un t-shirt et un short : ça faisait tellement longtemps !

– les autres marchés valent moins le coup, on les a passés plus rapidement (marché russe, vieux marché)


LES MUSÉES

– Tuol sleng genocide museum (S-21) : un lycée en centre ville où les khmers rouges emprisonnaient et torturaient les opposants au régime et/ou intellectuels. Un lieu très impressionnant : photos des gens disparus, peintures des tortures, lieu gardé en l’état, avec les cellules construites dans les anciennes salles de classe. Ce lieu est très important dans l’Histoire. Il doit continuer à exister pour ne pas qu’on oublie. (Plus sur l’histoire du pays, voir la fiche pays). A voir absolument si vous passez à Phnom Penh (mais n’y allez pas un jour où vous êtes un peu déprimé !)


– musée national : l’art Cambodgiens depuis plusieurs siècles. En plus, on eu la chance de suivre une partie de la visite en français d’un des conservateur, à ses amis ! Une mine de savoir ce gars !


– on n’a pas visité le palais royal car après celui de Bangkok, on nous a dit que ça valait moyennement le coup. Mais on a adoré se promener dans le coin, au coucher de soleil ; se poser sur l’esplanade d’herbe devant le palais et avoir l’impression d’être l’été sur le champ de mars à Paris, avec des bonzes en plus !


LES TRANSPORTS

– On a beaucoup pris le Tuktuk, pour les destinations un peu loin ; et surtout les quelques jours après l’accident où je ne pouvais pas trop marcher. Il faut négocier, tout le temps.

– le taxi moto, une fois, tous les deux sur une moto.

– à pied : Déambuler et sentir vivre la ville. Il ne faut pas hésiter à se perdre un peu dans les rues, mais c’est pas du tout adapté pour les piétons ! Trottoirs inexistants, circulation dense : c’est pas de tout repos.

AUTRES :

– on a dormi 2 nuits chez une Warmshower : une néozélandaise dentiste ici à Phnom Penh. Très sympa. Puis elle n’était plus disponible, alors les autres nuits ont été dans une guest house pour 8$ la nuit. Pour les éventuels voyageurs : la rue 111 regorge de guest houses pas très chères !

– ça vaut le coup de se lever tôt parfois : un jour aux alentours de 7h un matin, nous sommes allés sur la place de l’indépendance. C’est fou ! Plein de gens qui marchent autour de la place, et même des cours de gym ou de thai chi. A 7h30, pfiou, tout le monde disparaît pour aller au travail.

– Épisode malheureux chez le barbier pour Thomas ! Une belle grosse barbe, il voulait juste raser le cou et égaliser tout ça. Mauvaise compréhension avec le barbier (qui ne parlait pas anglais) : résultat, un coup de tondeuse dans la grosse barbe, que le barbier a égalisé ensuite tant bien que mal. Un barbier qui n’a pas l’habitude d’avoir des barbes entre les mains, le comble !

 

Les choses marquantes ces premières semaines au Cambodge

– des motos et scooter partout : ne pas s’arrêter quand on veut traverser mais avancer progressivement, et ça passe. Et ils apprennent à conduire très tôt ! On a vu des jeunes de 12-13 ans tout seul sur un scooter. Le casque ? Optionnel ! Des trottoirs ? Inexistants car utilisés pour faire parking, terrasse de resto ou devanture de magasins : c’était un peu le cas en Thaïlande, ici c’est pire.

– Il faut négocier les prix, tout le temps. De très rares fois les prix sont marqués. En campagne, connaître quelques mots de khmers permet de faire diminuer facilement les prix, et avoir plus de sourires également. A Phnom Penh, la vie est plus chère, on a plus de mal à négocier vraiment. Il semble parfois normal pour les gens que les barang (« étranger » – le mot farang de Thaïlande s’est transformé en barang ici) payent plus cher que les locaux.

Côté nourriture :

– dans tous les restos, même les restos éphémères sur le trottoir : sur la table on trouve une carafe de thé, froid ou chaud. On peut boire sans crainte du coup, puisque l’eau a été bouillie ! Les couverts, eux, sont trempés dans de l’eau bouillante dans un verre sur la table.

– les glaçons : produits en usine, comme en Thaïlande ! On continue notre cure de café au lait (concentré) glacés et les thés glacés à table. On découvre aussi les jus de canne à sucre pressée sous nos yeux. C’est pas mal !

– les restos ne sont souvent ouverts qu’une partie de la journée : soit le midi, soit le soir. Du coup les rues n’ont pas le même aspect selon l’heure à laquelle on passe !

Côté population :

– on trouve les gens plus « filous » qu’en Thaïlande. Ça peut être fatiguant parfois. On sent que certains essaient de tirer profit de nos têtes de blanc et de l’image de « porte-monnaie sur pattes » qu’ils doivent avoir…

– Malgré tout, quand on roule, tous les enfants nous font des grands « hello » ou good bye », et ceux qui parlent quelques mots d’anglais sont contents de venir discuter un peu avec nous.

– côté vestimentaire, c’est assez rigolo : LA grande mode chez les femmes est un ensemble qui ressemble pour nous à un pyjama ! Pantalon et t-shirt manches longues en coton, en général fleuri et coloré.

– pour nous il fait très chaud ! Mais pour eux c’est l’hiver : il n’est pas rare d’en voir se promener avec bonnets et écharpes en laine ! On a du mal à comprendre comment ils les supportent !