Vietnam : des montagnes à la capitale !
Après un mois au Laos, on entre au Vietnam le 22 février, par la frontière de Dien Bien Phu. La route côté vietnamien est très abîmée, ça monte et ça descend. Mais on a de beaux paysages, avec rizières et autres cultures diverses.
Très rapidement on voit que le pays est plus riche que le Laos : les gens sont habillés de façon plus classe, les cultures sont plus variées : après être passés dans une des régions les plus pauvres du Laos, le changement est radical !
C’est la fête !
Pour la première nuit, on trouve une guest house : c’est la fête du Têt (nouvel an chinois et vietnamien, du 19 au 26 février 2015), et la gérante de l’hôtel nous offre du coca et un gâteau de riz pour notre repas. On ne le sait pas encore mais c’est le premier d’une longue série…
On part le matin dans la brume, des rizières tout autour de nous sur des kilomètres, avec les gens qui travaillent au replantage des brins. Le midi, on s’arrête dans une épicerie pour manger un bol de nouilles en sachet : à cause du nouvel an, les épiceries sont à peu près les seuls commerces ouverts. Dans la maison en face, la famille fait la fête et joue du tambour traditionnel. Nous voyant là, ils viennent nous chercher pour faire la fête avec eux. Nous voilà au milieu d’une trentaine de vietnamiens, aucun d’entre eux ne parle anglais, à (re)manger, trinquer à l’alcool de riz, serrer les mains, danser, apprendre à jouer du tambour… Les femmes sont toutes en habits traditionnels. On découvre qu’au Vietnam le contact physique est assez naturel et facile : les femmes n’hésitent pas à me prendre par la main, à nous serrer dans leurs bras. Au bout de 2h on décide de repartir ; nos hôtes veulent qu’on reste dormir, mais il n’est que 14h :). Ils nous offrent 4 gâteaux de riz : ça pèse un bon kilo !
La suite de la route est assez tranquille, le bitume est en bon état. Beaucoup de gens en scooter partout, en habits traditionnels, qui doivent aller ou revenir d’une fête en famille. On s’amuse à voir les femmes, qui portent leur casque au dessus du chinion sur le sommet du crâne : ça leur donne un petit air de Marge
Plus loin on s’arrête pour admirer un superbe point de vue. Un jeune en scooter qui est là nous demande à faire des photos avec nous, essaie de discuter un peu. On le retrouve dans la descente : il nous propose de venir fêter le nouvel an avec sa famille ce soir, et dormir chez eux. Il est 16h, on a assez roulé pour aujourd’hui… banco !
Avant d’arriver chez lui, on profite d’une superbe descente qui dure plus de 10kms et une vue à couper le souffle, bref le bonheur.
On arrive chez lui, à Muong Ang où ses parents nous accueillent à bras ouverts. Ils sont fermiers, ont une belle plantation de caféiers, un cochon et 12 bébés cochons (je les ai comptés, ils sont trop mimis), mais aussi poules et coqs qui n’hésiterons pas à nous rappeler leur présence toute la nuit. Les toilettes sont au fond du jardin, la salle de bain taillée dans un rocher à coté de la maison, la cuisine est accolée à la maison – ou plutôt la salle commune où tout le monde mange et dort.
Après un thé de bienvenue, on se remet à table : assis en rond par terre, on mange viande, poisson, légumes, gâteau de riz… tout en trinquant de nouveau à l’alcool de riz – et il y a un sacré rythme ! Ils nous font comprendre au bout d’un moment qu’on n’est pas obligé de boire tout le verre à chaque fois : j’ai trouvé ça trop mignon ! On essaie de discuter un peu avec Google translate, qui une fois de plus nous montre sa piètre connaissance des langues asiatiques.
Famille et amis passent. Et en particulier le grand père, qui nous a bien fait rire malgré lui ! Pourquoi ? Le papi a une bonne descente ; après quelques verres, il commence à nous « raconter » (en Vietnamien, mais avec des gestes sans équivoque)… la bataille de Dien Bien Phu ! Le voilà en train de revivre en direct et mimer cet épisode l’alcool aidant… tellement passionnément que sa femme et son petit fils finissent par le sortir de force de la pièce. Nos hôtes ne savent plus où se mettre, on les rassure, nos grands parents ont aussi connu la guerre. Ce qu’il a vécu là bas a dû être bien traumatisant…
La suite de la soirée se passe très calmement, en continuant d’échanger comme on peut, et à 21h, tout le monde au lit dans la salle commune !
Le matin, après un petit déjeuner à base de soupe de nouilles de riz, on les quitte après mille « mercis »… et les sacoches encore alourdies d’un kilo de gâteau de riz.
La descente commencée la veille continue (en tout, ça fait 25kms de descente !), avant d’arriver dans des vallées teintées du vert pétant des rizières, où apparaissent les premiers moulins à eau d’irrigation.
Pour déjeuner, on trouve un petit « bar » où on essaye d’écouler un peu de notre cargaison de gâteau de riz… sauf que la gérante nous en offre encore un quand on repart !
Bref, pour résumer : on a un carré et demi, et 8 petits allongés ; sachant qu’en un repas on mange 1/2 carré, ou 1,5 allongé, que les prochains jours ça sera exclusivement notre nourriture pour le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner (bah oui car c’est la fête du Têt, presque tous les restaurants sont fermés), calculez… à partir de quand on n’en pourra plus de ne manger que ça !
Bref, c’est encore alourdis que l’on s’attaque à une belle grimpette de 12kms, 1000m de dénivelés… pendant 2h30, avec un beau soleil. Les gens nous regardent passer un peu éberlués, lèvent le pouce pour nous encourager. La vue est superbe. Ça se fait assez bien finalement.
Le soir, on pose la tente près d’un village. Rapidement, des villageois viennent nous voir : ils sont très curieux, s’amusent de tout notre matériel, le touchent, l’examinent, ils nous aident à faire un feu de camp… Le lendemain matin, on a à peine fini notre petit déjeuner qu’une famille arrive, puis d’autres encore. On plie le campement avec une dizaine de paires d’yeux qui nous regarde. Ça fait bizarre au début, mais maintenant on est habitués : le Vietnam est le premier pays où, quand on s’arrête 10 minutes quelque part, un petit attroupement se forme autour de nous, les gens touchent le vélo, les sacoches, essaient de nous poser quelques questions. C’est très sympa. On fait quelques photos avec les villageois (à leur demande) avant de reprendre la route.
On continue les grandes montées et les grandes descentes. C’est pas toujours facile, on a parfois de bons coups de fatigue ; mais on se rend compte que c’est dans les montagnes qu’on a les plus beaux paysages.
On quitte un moment les montagnes, en passant par Son La, une ville qui nous marque par son architecture communiste : des grandes avenues, des grandes places, ça donne une ambiance vraiment étonnante, surtout que tout est fermé pour la fête du Têt Mais le lendemain, le 26 février, la vie reprend doucement dans les villes car la semaine du Têt se termine.
Quand y’a une montée… y’a une descente !
Ce jeudi 26 février, après un bon passage en plaine, revoilà de belles grimpettes. On découvre un peu partout des champs de canne à sucre.
Au sommet du col apparaissent une succession de montagnes à perte de vue : on est impressionnés d’être arrivés là en vélo ! Dans la descente, on trouve une école pour poser la tente (avec encore une fois un bon nombre d’yeux qui nous regardent faire). Les enfants sont très curieux et plein de vie. Une fois qu’ils ont tout examiné, ils retournent jouer ; ça aussi c’est un truc qui nous fait réagir : au Cambodge et au Laos, les enfants ne jouaient quasiment pas… ou du moins pas de façon aussi « élaborée ».
Au petit matin, on ne doit pas trop traîner, car il y a école aujourd’hui ! On en profite pour faire un petit tour dans les classes.
On demande pour faire le plein d’eau, on nous montre une sorte d’épicerie juste à côté. Pour y accéder, il faut grimper sur un tas de maïs. La dame indique à Thomas un bidon, il rempli 3 gourdes.
Elle nous rattrape au moment de partir pour nous demander 70 000 dong (soit environ 3€) ; ça fait cher ! On essaie de négocier, elle s’énerve… Thomas a soudain un doute, ouvre la gourde et la sent… de l’alcool de riz ! On éclate de rire et on explique le problème à la dame qui rigole aussi. Thomas échange contre de l’eau et on est parti !
On termine la descente jusqu’à la rivière commencée la veille.
Quand y’a une descente… y’a encore une montée !
Eh oui, après une rivière en général ça remonte. Au début ça va, puis on fini la matinée par 6 kms et 600m dénivelé, sous le soleil. On arrive à Bac Yen à 13h. On se goinfre d’un super repas varié, et la gérante nous offre le digestif fait-maison (la veille, on avait déjà eu droit au petit verre de whisky offert en fin de repas). C’est très bon, assez doux, un peu comme du Pommeau. La dame nous fait signe qu’elle nous offre un petite bouteille. Quel accueil !
Tout se corse au moment de payer… pour casser les gros billets, on en sort un de 500 000 dong (soit 20€ environ) pour un repas qui doit en coûter à peu près 100 000. Tout d’un coup, on la voit qui réfléchi, puis nous demande 350000 dong ! Le cadeau n’en est plus un. Elle arrive à nous soutirer 150 000 dong, et on repart (sans la bouteille) bien énervés de s’être fait « rouler » alors qu’on se sentait en confiance.
On enchaîne 2 montées l’après-midi sous un soleil de plomb – qui nous a dit qu’il fait froid au nord du Vietnam ? En fin de journée, à Phu Yen, on a cumulé encore 1000m de dénivelé. Nos jambes fatiguent de ces 1000m de dénivelé quotidien ; on leur offre une bonne nuit à l’hôtel pour récupèrer.
Et il fallait bien ça ! Le lendemain, à 9h30, il fait déjà 29° (température prise à l’ombre !), et on grimpe encore en plein soleil. Le moral en prend un coup, surtout qu’on sait qu’on a 2 ou 3 côtes aujourd’hui. Mais finalement c’était la plus dure, ouf !
On arrive le midi à Thu Cuc, petite ville au milieu de plantations de thé : c’est la première fois qu’on voit du thé ! C’est assez beau, surtout que ça se mélange avec les rizières, bananiers, papayiers et canne à sucre.
Après 1000m de dénivelé (encore!), on cherche un endroit pour dormir. On nous indique une pagode 6 kms plus loin. Mais arrivé là, échec ! Les locaux ne nous donnent pas leur accord pour y poser la tente. La nuit tombe… On doit faire encore 4kms à la nuit tombante sur des routes pleines de cailloux pour atteindre une guest house… qui s’avère tout juste propre. En voilà une bonne journée galère de cyclo ! (Et en plus on a perdu le pain acheté pour le petit déjeuner du lendemain !)
Au réveil, il fait gris, et il se met à pleuvoir dans la matinée. Nous voilà en automne ! On arrive à Hanoï après une journée de route plate – une de ces journées où l’on sent qu’on approche de la capitale, avec des zones urbanisées un peu partout.
Près de la capitale, un vietnamien en scooter roule à notre vitesse et discute en français avec nous sur plusieurs kilomètres. C’est sympa !
Peu à peu, ça devient la folie des scooters, quelques zones un peu sportives où il faut arriver à se faufiler avec tout ce monde !
Hanoï !
Au menu de la semaine : des rencontres de cyclos, du tourisme à Hanoï, et un aller retour à la baie d’Halong,… et du repos !
Des cyclos !
– A notre arrivée en ville, on croise deux cyclos français, pour 6 mois en Asie, Pascale et Marc. Ils nous invitent pour le dîner dans l’appartement qu’ils louent. Au menu : un délicieux poulet cuisiné à la française, accompagné d’un vin vietnamien pas dégeu ! C’est trop bon ! Et on passe des heures à discuter entre cyclos. Top !
– On a été accueilli 5 nuits chez un warmshower, Quynh, vietnamien francophone – car ayant vécu toute sa jeunesse en France.
On a passé de très bons moments avec lui. C’était génial de discuter ensemble, qu’il nous raconte le Vietnam d’il y a 30 ans, du système éducatif actuel (il est universitaire), et de tant d’autres choses. Merci Quynh de ton accueil !
– Et pour finir, on passé une chouette soirée avec les Vanier : Guillaume et Servane, les parents ; Anatole (7 ans) et Gaspard (3 ans). Ils sont sur les routes pour 15 mois en tout ! Ils nous ont fait rêvé en nous racontant leur périple en Amérique du Sud.
Un peu de tourisme
On découvre la ville au fil des jours. Il y a dans cette ville un beau mélange d’habitations type « coloniales » et communistes. Beaucoup d’arbres et des câbles partout, l’agitation continue de la rue : il faut penser à lever les yeux pour voir toutes les jolies maisons.
On en aura l’occasion au cours de la visite guidée qu’on fait avec une étudiante en français (trouvée par l’association Hanoï free tour guides). Avec elle on visitera aussi la prison de Hoa Lo, où les colons français ont fait vivre les pires horreurs aux opposants au régime. Mais aussi, plus gai, une maison traditionnelle dans le vieux Hanoï. Ou encore le très beau temple de la littérature, première université du Viêtnam (mais aujourd’hui uniquement site touristique). On a passé un très bon moment avec Quyên notre jeune guide, à échanger sur nos cultures respectives.
Pendant notre semaine à Hanoï, on aussi aimé le théâtre de marionnettes sur l’eau, théâtre traditionnel vietnamien. Très joli !
La baie d’Halong
Jeudi 5 mars, départ en bus (eh oui, on triche un peu !) en direction de ce lieu mythique. À notre arrivée, il pleut et il y a un épais brouillard. Hop, en bateau. Nous sommes 12 personnes à peu près du même âge sur le bateau. Arrivés au milieu de ces pitons montagneux posés dans l’eau, on ne voit toujours pas bien loin. On enchaîne sur 1h de kayak, avec passage dans un petit village sur l’eau. On est impressionnés par la quantité de déchets dans l’eau… C’est dommage pour un si bel endroit ! Il y a pas mal de méduses aussi, ça refroidi de l’envie de piquer une tête ! Le temps se lève dans l’après midi, et on commence à apercevoir la grandeur et la beauté du lieu. Il paraît qu’il y a 1969 îles à Halong, un chiffre facile à retenir pour les vietnamien car c’est la date où Ho Chi Min est arrivé au pouvoir, en sauveur de la partie.
En soirée, on passe un bon moment à discuter avec notre guide Cong : le mariage au Vietnam, les relations homme/femme, la signification du drapeau vietnamien. Il parle sans tabou, c’est super intéressant !
On dort sur le bateau, c’est le luxe ! On se fait plaisir, c’est quand même notre voyage de noces ! 🙂
Le lendemain, à coup de pagaie, on va visiter une grotte assez impressionnante, où on est tout seul. Le bateau nous promène ensuite à travers la baie d’Halong où le ciel est assez dégagé. C’est superbe. On rentre au port après le déjeuner.
Ces deux jours nous ont fait beaucoup de bien. Se faire bichonner, des repas variés et vraiment excellents, ne pas avoir à se préoccuper de nos vélos. En plus la compagnie Ethnic Travel choisi des sites loin de la masse de touristes, on n’a pas du tout vécu la foule de la baie d’Halong que d’autres avaient pu nous décrire. Bref, on vous recommande Ethnic Travel ! (Petit coup de pub, ok, mais ils le méritent !)
La circulation
Petit cours sur le fonctionnement de la circulation au Vietnam et en particulier à Hanoï, reçu de notre hôte.
La circulation, c’est comme la mécanique fluides : c’est une sorte de courant dans lequel on entre et on sort, tout le monde un peu au même rythme. Au départ, ça nous a paru plus dur à pied car croise le flux justement ; alors qu’à vélo, on est dans le flux !
Quand il y a un trou ou une plaque, les scooters les évitent : ben oui, ça abîme les amortisseurs !
En cas d’accident, c’est le plus gros qui paie : les gens n’ont pas intérêt à avoir un accident, alors il font en sorte que ça passe et calculent les trajectoires de chacun ; c’est parfois juste, mais ça passe ! Du coup à pied, il ne faut surtout jamais reculer.
Les conducteurs de voitures sont des anciens conducteurs de scooters : ils ont donc tendance à conduire de la même façon !
Ah et puis aussi à Hanoï, on a fait nos visas chinois, sans souci (on a été aidés) !
Alors maintenant, en route pour la Chine !