De ville en ville

Kangding, ville surprenante

Après la folle journée de bus que nous vous racontions la dernière fois, nous avions tout le weekend pour se reposer et visiter la ville de Kangding. Nous avons été très surpris par la présence encore très importante de la culture tibétaine dans cette ville sichuanaise qui commence pourtant à en être loin, du Tibet. Partout dans les rues nous avons croisé des tibétains et leurs beaux visages typés et leurs vêtements caractéristiques. Nous avons croisé aussi beaucoup de moines (et nonnes) dans leur robes bordeaux, car la ville héberge de nombreux temples et monastères. Dans un temple d’ailleurs, on a eu la surprise de voir une photo du Dalai Lama, image que nous pensons pourtant strictement interdite en Chine !

 
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Renouvellement de visas… aie, aie, aie !

Une fois le week-end passé, on se présente dès l’ouverture au PSB (police security bureau) où on veut renouveler nos visas : ils prennent fin le lendemain ! Nous sommes toujours avec les rustines libérées.
La policière regarde sur son ordinateur et nous dit que nous n’avons jamais été enregistré dans les hôtels auparavant et qu’il lui faut 5 enregistrements ! Avec un ou deux enregistrement, elle ne peut nous donner que 5 ou 10 jours supplémentaires. Dans tous les renseignements qu’on avait pris, il n’a jamais été question de ça ! Elle fini par nous dire d’aller se faire enregistrer pour l’hôtel où nous sommes et de revenir à 14h, peut être que ça sera bon… On passe la fin de matinée dans un autre poste de police pour se faire enregistrer. À 14h, un peu stressés, on y retourne, aidés pour la traduction par la gérante de l’hôtel, une tibétaine adorable. La policière qui nous a donné rendez-vous n’est pas là et personne ne sait nous dire où elle est « elle va peut être revenir, attendez un peu ». Au bout d’un moment, on fini par obtenir qu’ils l’appellent : elle a éteint son téléphone. On passe l’après midi à essayer de parlementer avec les autres agents, on va même à un autre bureau où la policière travaille ; là non plus personne ne sait où elle est ! À 16h30 un collègue un peu plus compréhensif va à la sortie de l’école de ses enfants pour essayer de la trouver ; nouvel échec. L’ambassade de France nous dit au téléphone qu’ils ne peuvent rien faire pour nous, c’est ça, l’administration chinoise…
A 17h, ne voulant pas quitter le bureau avant d’avoir eu au moins un papier certifiant que nous étions là en temps et en heure mais qu’ils n’ont pas pu/voulu refaire nos visas, on arrive à parler au chef du PSB. Il nous propose maintenant un visa de 20 jours si on revient le lendemain. On refuse, n’ayant plus aucune confiance en eux – et sachant qu’à Leshan, on peut avoir un mois !
Nous voilà donc partis le lendemain, le 14 avril, dernier jour de validité de nos visas, pour 7h de bus en direction de Leshan. On réalisé qu’être tous les quatre, ça aide bien pour supporter les galères ! Dans le bus, on réussi difficilement à faire rentrer les vélos dans les soutes, avec un bon coup d’épaule, ça fini par fermer. On s’allége au passage aussi de 50¥ pour le conducteur qui prend sa commission (contrairement aux 200¥ demandés), après avoir fait mine de ne pas comprendre 10 minutes, et bien entendu sans avoir la trace d’un billet pour les vélos.
On arrive à Leshan à 14h30, on trouve un hôtel qui nous accepte (avec un peu de difficultés) et on file au PSB. On dépose nos dossiers, il n’est pas du tout question des 5 enregistrements cette fois-ci ; il est 16h45, ça ferme à 17h ! Ouf, on a eu chaud !

Leshan

On a donc 48h pour visiter la ville. Sur les bords de quai, plein de grand-pères jouent au mahjong, échecs chinois et autres jeux inconnus. Tout au bout des quais, on peut apercevoir un peu le bouddha géant qui fait la célébrité de la ville : 71 m de hauteur et 28 m de large !
Au dîner, dans un petit resto, un chinois qui parle anglais s’installe à notre table pour discuter. Il nous invite ensuite à prendre le thé dans son bureau. On a le droit à la cérémonie du thé traditionnelle ! On se rend compte qu’on n’est pas tombés sur n’importe qui : il bosse dans l’immobilier, est propriétaire de vignobles et d’un salon d’esthétique. On repart les bras chargés de fruits et un kit de manucure !
Mais Leshan est aussi une grosse ville, et avec la ville on retrouve aussi le bruit des vendeurs ambulants, de la circulation intense, de la vie chinoise. Retour à la réalité après ces dernières semaines dans les montagnes !

 
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Chengdu, la ville grise aux multiples facettes

Après avoir récupéré nos visas, on file à la gare de bus pour Chengdu (gare de Xiaoba : au sud à 5-6kms du centre). Une fois de plus ils veulent nous faire payer pour les vélos, et une fois de plus la technique du « no receipt no money » fonctionne parfaitement ! 2h plus tard on est à Chengdu, la capitale du Sichuan ; encore une grosse ville chinoise : 10 millions d’habitants !
On reste 4 jours à Chengdu, accueillis chez Angélique, une warmshower francaise ! Elle nous accueille tous les quatre pendant trois nuits dans son salon. Avec toutes nos affaires, on est un peu envahissant… Merci Angélique pour ton super accueil !
A Chengdu, on visite le centre du Panda Géant : un centre de protection et de reproduction du pandas. Bon, c’est quand même plus ou moins un zoo ! Mais on gardera en souvenir le nourrissage des adultes et surtout l’heure du bain des petits de 7-8 mois, vraiment trop mignons !
On passe aussi dans le quartier tibétain, qui nous replonge rapidement dans l’ambiance des dernières semaines ; et la « fausse vieille ville traditionnelle Han », construite pour les touristes dans cette ville moderne. Le monastère de Wenshu semble lui plus authentique, et c’est impressionnant de voir ces dizaines (centaines?) de gens de tous âges qui viennent prier.
Sinon Chengdu est une ville assez peu passionnante, une architecture très grise et communiste, avec des supermarchés énormes à chaque gros croisement…

 
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Reprise du vélo !

On reprend les vélos avec plaisir le lundi 20 avril. Comme toute grosse ville, en sortir à vélo n’est pas très drôle : au bout des 90 kms de cette première journée, on quitte enfin un peu l’urbanisation chinoise… En plus le vent n’est pas dans le bon sens, et on a un peu de casse sur mon vélo – une soudure du porte-bagages arrière qui lâche (réparée avec notre magique paracorde) et une belle crevaison.
Le soir au dîner, je vais (seule) chercher un plat de nouilles à emporter : je passe 20 minutes à expliquer que j’en veux deux… en vain ! Les joies de la communications en Chine ! 🙂
Le lendemain, le cadre est un peu plus vert, mais la route est toujours une grosse nationale. On s’ennuie… On s’arrête pour la nuit à la ville de Wenchang, où on trouve un hôtel que Thomas négocie à 50¥ ; le confort n’est pas top mais ça reste correct. Lorsque l’hôtelière essaie de nous enregistrer sur son ordinateur, elle n’y arrive pas et appelle la police pour se faire aider. Un policier vient ; il nous dit qu’on ne peut pas rester là, faire nos affaires et le suivre… En fait, il n’y a pas de caméras de surveillance dans cet hôtel du coup il n’a pas le droit d’accueillir des étrangers. Ça explique peut-être les nombreux refus non expliqués que nous avons eu dans certaines villes ! On explique au policier qu’on ne peut pas payer trop cher l’hôtel. Il nous dit ok et on suit sa camionnette. Il s’arrête devant un hôtel très chic… glups ! On est sur nos gardes, combien on va nous faire payer ?! Le policier appelle le patron de l’hôtel, négocie… et finit par nous annoncer 60¥ la nuit dans une chambre qui en vaut 220¥, en l’honneur de l’accueil des voyageurs étrangers ! Un hôtel de luxe pour 60¥ ; on saute de joie ! Et ce n’est pas fini : le petit déjeuner est offert !
Après cette bonne nuit dans ce lit douillet si grand, il faut reprendre la route. Sniff, à ce prix, on serait bien restés plus longtemps !

A travers les forêts

Troisième jour de route on retrouve une petite route très sympa et peu passante. On alterne entre villages et forêts, sur une route qui monte et descend gentiment. Après ce qu’on a fait dans les montagnes, des montées de 4-5 kms ça nous paraît plus facile ! Pendant un long moment, on passe entre les cyprès, arbres sacré en Chine. Les chinois s’arrêtent pour se prendre en photo avec les plus gros arbres.
On pose la tente en fin de journée dans cette nature si verte. Le lendemain on est plutôt à flancs de montagnes, avec quelques points de vues sympa. Sur la route, on rencontre un jeune cyclo chinois de 19 ans qui redescend de Lhassa. On fini la journée ensemble, mais la discussion sur les vélos est compliquée puisqu’il ne parle pas anglais. Mais ensemble on admire les beaux paysages environnants, les gorges si vertes dans lesquelles on passe. On campe ensemble le soir, fait un feu de camp. Le mains libérées on peut plus facilement discuter, essentiellement en utilisant Pleco, dictionnaire anglais/chinois sur le téléphone. On lui demande pourquoi tant de chinois vont à vélo à Lhassa : il nous répond que c’est pour « se trouver » et réaliser un rêve…

 
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Vendredi 24 avril, nous faisons avec regrets nos derniers kilomètres sur les routes chinoises. Avec tout ce qu’on a envie de faire et le temps qui n’est pas extensible, on doit reprendre un bus pour Xi’an, d’où nous rejoindrons Pékin dans quelques jours, puis de là, la Mongolie. Nous laissons notre ami chinois continuer seul sa route, déçus de n’avoir pas pu partager plus et de le quitter déjà.

Quelques anecdotes en plus :

Comment choisir ce qu’on veut manger quand la serveuse vous tend avec un grand sourire une carte toute en chinois ? (Oui, oui, ils n’ont toujours pas compris qu’on ne pige pas plus le chinois écrit que l’oral ! 🙂 ) -> plusieurs possibilités :
– Le plus souvent utilisé par nous : faire le tour des tables où mangent les gens ; c’est sympa, c’est souvent l’occasion de rencontres ! Mais bon parfois y’a pas grand monde dans le resto, alors faut faire autrement !
– Aller en cuisine, leur montrer une aubergine, des fèves, un bout de tofu, bref, des ingrédients qu’on aime bien. Ils se débrouillent et s’ils sont bons cuistots, ils vous font trois plats délicieux ! Vous leur ajoutez « mi fa » (riz) et vous avez un super repas !
– Choisir au hasard sur la carte : le pifomètre, c’est plein de suspens et ça donne parfois de belles découvertes ! Voyager, c’est aussi se laisser surprendre.

 
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Vis ma vie de star : oui, les locaux nous demandent toujours des photos de nous. Et ça vaut pour toutes sortes de gens, y compris les policiers !

Les cyclos chinois de Lhassa : on vous en parlé la dernière fois. On pensait que leur trajet était « Chengdu-Lhassa », mais entre Chengdu et Xi’an, on continue à croiser de très nombreux cyclos chinois. Ils sont en groupe ou en solitaire, souvent à fond dans leur truc mais parfois un petit « hello » sort, mais il y a une constance… ils sont très peu chargés. Juste de quoi mettre quelques vêtements et affaires de toilette (en général ils dorment en guesthouse). Mais on est impressionnés d’en voir tant à cette saison quand on sait que certains cols à 4000m sont encore sous la neige ! Et surtout que beaucoup ont l’air de souffrir physiquement dans les côtes car ils sont nombreux, ceux qui poussent le vélo dès le début de la montée…

 La censure en Chine… Au quotidien, on ne l’a pas trop ressentie, à part le blocage de certains sites. Dans les grandes villes, on pourrait se croire dans un pays libre et ouvert, ça ressemble souvent pas mal à l’Europe. Pourtant, ceux qui vivent là depuis quelques temps la voit. Angélique nous a expliqué que ses élèves de l’alliance française manquent cruellement de connaissance et d’ouverture au monde : ils ignorent des événements comme la récente « révolution des parapluies » à Hong Kong ; et même les événements de Tian’anmen en 1989 , c’est à dire leur propre histoire, ne sont pas étudiés. Le filtrage des informations qui leur parviennent est important. Par exemple, ils ont bien Baidu, leur google chinois, mais le nombre de résultats pour une même recherche serait nettement inférieur à Google.