De capitale en capitale
De Xi’an à Pékin nous découvrons une autre Chine. La Chine citadine, la Chine du Nord si différente de celle du Sud. Mais c’est aussi 15 jours d’accueil par des gens formidables.
Xi’an
Après 6h de bus, nous arrivons à Xi’an le 24 avril. Cette ville, qui a une histoire de plus de 3 100 ans, a été la capitale de la Chine et se nommait alors Chang’an (2è siècle av. J.-C). Le vieux centre est encore entouré d’un mur et de douves. Mais malheureusement à part cette enceinte et quelques épisodiques maisonnées, l’âme de la ville et son histoire n’ont pas été conservées ; elle ressemble beaucoup à une autre ville chinoise… Quel dommage ! Aujourd’hui, c’est une des dix plus grosse ville de Chine, avec 6 à 8 millions d’habitants.
Premier warmshower chinois
Nous passons 3 jours dans la ville, accueillis chez un warmshower adorable : « Lien » ! Il accueille aussi le premier jour 2 autres cyclos – que vous connaissez si vous suivez nos aventures de près – : Kim et Simon, de bike4afuture. Nous passons de très bons moments à échanger tous les 5, puis tous les 3. Lien est quelqu’un de très généreux, nous repartons les sacoches un peu plus alourdies par des pièces chinoises anciennes et des bracelets porte-bonheur. C’est aussi un très bon cuisinier ; il nous régale de super bons plats et nous apprend à faire des Dumplings.
Sa soeur est étudiante en coiffure et me demande si elle peut me coiffer et me maquiller : le visage et les cheveux des européennes sont très différents des asiatiques, ça lui fait un bon exercice, m’explique-t-elle. Bref, une famille en or !
Quelques visites
Dans la ville, après une première impression très moyenne, on découvre quand même quelques quartiers sympathiques.
Il y a un parc tout autour des remparts qui est très agréable. Et toujours des personnes – souvent âgées, mais pas que – qui jouent, dansent, font du taichi, de la musique, des exercices physiques, discutent… L’ambiance qu’on trouve dans les parcs en Chine est un vraiment un truc que nous garderons en mémoire !
Il y a aussi le quartier musulman de Xi’an, où l’on retrouve l’ambiance animée et l’effervescence de la Turquie ; on retrouve même des odeurs de ce pays, et en particulier l’odeur du charbon. Les papis chinois avec leur barbes blanches et leurs djellaba qui papotent devant la mosquée nous font de belles images.
Terracotta Army
Xi’an est aussi la ville de l’armée des soldats en terre cuite. Cette armée, datant de 210 av. J.-C, avait pour but de garder le tombeau l’empereur Qin Shi Huangdi, non loin de là. Le tout n’a été découvert qu’en 1974. C’est aujourd’hui un des lieux touristiques les plus populaires de Chine ; et qui dit populaire dit prix exorbitant et foule en masse. Tout ce qu’on aime… Mais quand même, nous ne regrettons pas d’y être allé ! Nous avons d’abord été dans le petit musée où une exposition très intéressantes explique les couleurs des soldats – à l’origine, tous étaient peints après cuisson, et dans les moindres détails. Premier aperçu – de très près – de ces mystérieux soldats, aux visages tous différents, et de leurs chevaux en terre cuite.
Ensuite, nous n’avons pas fait la visite dans le sens traditionnel ; mais comme on nous l’avait conseillé, on a terminé par la salle principale : on garde le meilleur pour la fin ! Sage décision, qui nous a permis de découvrir peu à peu ces grandes fosses où sont/étaient enterrées ces milliers de soldats de terre cuite. Au final, malgré la foule, c’est un lieu très impressionnant.
Mardi 28 avril, nous sommes prêts à rouler toute la nuit (en bus !) en direction de l’actuelle capitale… Beijing, Pékin, la ville aux 9 millions de vélos.
Mais avant… Nous avons la mauvaise surprise de découvrir que la gare centrale qui nous a vendu le ticket n’est pas le point de depart des bus pour Pékin. Mince, on s’est fait avoir comme des bleus par des rabatteurs quand on a acheté le billet ! …
A la gare, une dame nous accompagne pour prendre un premier bus… qui nous dépose au bord de la route, où le bus couchette doit passer. Quand il arrive, le conducteur du bus-couchette fait toute une histoire pour nos vélos malgré le fait qu’on les ai « pliés » pour qu’ils prennent le minimum de place (retirer les roues et tourner le guidon), ne lâche pas l’affaire, menace de nous laisser là et nous oblige à payer 100¥ supplémentaire – argent qui va bien sûr directement dans sa poche !
Le bus est vieux, à l’intérieur la propreté des couchettes est limite et les couchettes sont bien sûr trop petites pour Thomas qui se retrouve la tête en arrière et le dos rond ; mais on passe tout de même un nuit pas trop mauvaise.
Pékin
Des rencontres
A 7h, nous voilà à Pékin !
Nous y passons presque 10 jours, entrecoupés de 3 jours pour aller voir la grande muraille de Chine.
Nous avons été encore accueillis par des hôtes super : Tony, un français rencontré au Laos au fin fond du plateau des Boloven ; et Ina, une warmshower hollandaise, prof d’anglais à Pékin. L’un comme l’autre ils nous ont beaucoup aidé, et on a partagé de très bons moments.
Pour commencer par le négatif, notre « déception » de Pékin : nous nous sommes fait voler sur nos vélos les éléments qui pouvaient se retirer facilement : sacoche selle avec le matériel de réparation du vélo (multi-outil trop bien, rustines…), lumières, 2 tendeurs, et… notre drapeau français ! Ce n’était pas trop grave, mais sacrément contrariant ! Heureusement, ils n’ont pas touché à nos selles qui après plus de 9000 kms se sont bien formées à nos popotins !
Pékin est une ville avec de très nombreux expatriés. Du coup, niveau nourriture, c’est hyper varié, on a trouvé de tout : du canard laqué (plat traditionnel de Pékin) au restaurant espagnol, turc ou russe ; en passant par l’épicerie « Chez Gérard » où l’on a trouvé de quoi cuisiner un repas français pour Ina et son colocataire (avec fromage, bouteille de vin de l’Hérault, crème fraîche pour une chantilly avec des fraises ! Miam !). Bref, pour une fois on a bien craqué et on s’est fait plaisir niveau bouffe occidentale !
A Pékin, nous avons pu faire réparer nos vélos grâce à l’aide de Chang. Cet architecte sino-anglais, passionné de vélo, a passé 3h avec nous à chercher un nouveau porte-bagage avant pour Thomas, dans les magasins et sur Internet. Et le même jour, il nous a introduit dans son cercle d’amis (expatriés pour la plupart) et à sa séance hebdomadaire de ciné du mercredi, avec ce jour là projection d’un film philosophique sur l’idéologie à partir d’analyse de films. Étonnant de voir ça en Chine, et passionnant !
Des visites
Pekin est une des (rares ?) villes du pays où l’histoire est un peu présente. C’est déjà dans ses Hutong, que nous découvrons une Chine comme on la voit dans les films. Ces ruelles et ses maisons traditionnelles de plein-pied, en brique grise, donnent une atmosphère de village. On se perd dans ses ruelles au grès de nos envies et c’est toujours très agréable.
Nous avons visité le temple des Lamas (Les Lamas dans le bouddhisme sont des personnes avec un niveau de réalisation spirituelle avancé). C’est un temple tibétain, où l’on retrouve ces couleurs vives qu’on aimait tant dans le Sichuan. C’est un très beau lieu.
On a le plaisir d’y voir en vrai notre premier vrai Mandala tibétain (c’est à dire en sable !), et j’ai passé un long moment à en regarder les moindres détails : trop beau !
Mais aussi, nous avons été au Palais d’été. Ce palais est au sein d’un immense parc fait de lacs et de collines, étudié pour respecter la philosophie chinoise d’équilibre entre l’homme et la nature. Il a été construit par l’empereur Qianlong de la dynastie Qing, au 18ème siècle. Bref, beaucoup du monde pour ces premiers jours printaniers à Pékin, mais un bel endroit.
Et surtout, la Cité interdite, le lieu où vivaient les empereurs chinois. Deux jours avant la visite, on a regardé le film Le dernier Empereur, ce qui nous a bien aidé pour situer le lieu et son histoire.
On entre dans cette succession de grandes cours et de palais. Le lieu est super bien conservé et très impressionnant. Dans les cours principales, il y a beaucoup de monde, on se croirait parfois un premier jour de soldes tellement certains poussent pour voir en premier. Puis sur le côté Ouest, c’est plus calme ; on visite les habitations, les lieux de vie des femmes dans le palais. Et sur le côté Est, dans le musée des trésors, on observe avec attention les bijoux des empereurs (contrairement à certains chinois qui prennent en photo et repartent sans même avoir regardé l’objet directement). Ce qui nous a plu le plus, c’est l’opéra des Empereurs, et la maquette/coupe explicative. Cet opéra est une très belle et ingénieuse construction !
Bref, la cité interdite, un lieu immense et qui mérite la visite !
La place Tian’anmen : du point de vue esthétique, la place n’a rien d’exceptionnelle. Mais les événement qui s’y passèrent il y a 26ans en font un endroit particulier… On a découvert plus en détails ces événements avec notre passage à Pékin, terrible part de l’histoire chinoise. Et il y règne encore une atmosphère particulière. A l’entrée de la place, c’est contrôle d’identité pour tout le monde, et même enregistrement de l’identité des chinois qui y rentrent. Sur la place, la surveillance est omniprésente : des centaines de caméras de surveillance, militaires et policiers en poste tous les 50 mètres.
Big Bother is watching you…
La grande muraille de Chine
Comme on vous disait plus haut, nous avons entrecoupé notre séjour pékinois par un aller-retour en vélo à la grande muraille de Chine. Les expatriés rencontrés nous avaient conseillé un endroit, Great Wall Fresh. En tous points il a répondu à nos attentes, nous en gardons de superbes souvenirs…
Nous avons d’abord roulé 85 kms pour trouver cette guest house. La sortie de Pékin se fait assez facilement, même si nous avons pas mal pesté contre la conduite si imprévisible des chinois. Après 40kms de ville et de plat commencent les montagnes. On passe alors à côté de deux sites touristiques de la muraille de Chine. Elle est toute rénovée, ça donne un bon aperçu de ce qu’elle a pu être. Mais nous restons sur la route et poursuivons notre chemin.
Arrivés à la guesthouse de Great Wall Fresh, on fait la connaissance de tout un groupe d’anglophones, profs d’anglais à Pékin (oui, encore !). Ils nous annoncent qu’ils ont prévu de monter sur la muraille ce soir pour y faire un feu. Après un super dîner tous ensemble, on grimpe à la muraille et on passe une soirée inoubliable dans ce lieu si mythique, illuminé par la plein lune.
Le lendemain matin, Chen, le propriétaire de la guesthouse nous emmène en voiture au pied de la muraille. Elle est sacrément abimée, tout juste entretenue pour qu’on puisse y marcher, et il faut parfois bien se tenir et faire attention au pierres qui glissent. Nous voulions un endroit authentique et pas trop touristique, on ne pouvait mieux tomber ! Nous sommes tout seul à se promener. Les paysages sont superbes, et sur les montagnes en face de nous, le seul élément créé par l’homme semble être cette muraille dont on aperçoit quelques autres morceaux. Les arbres sont d’un vert éclatant, les petites fleurs poussent sur le chemin, ça sent bon le printemps ! Bon, il y a tout de même un sacré vent sur ces hauteurs ; on pique-nique à l’abri du vent, au soleil. La suite, qui fait partie d’une 2ème boucle plus « familiale » est moins sportive, mais tout aussi jolie.
A noter pour aller à GreatWallFresh n’attendez pas d’arriver au fond de la vallée pour suivre les indications données par le site web au paragraphe « Drive yourself » comme on l’a fait – la route est trompeuse à un endroit et ça peut vous éviter de perdre une heure !
Bref, on retourne à Pékin avec de belles images plein la tête !
Petits Bonus !
- Depuis le début de la Chine, on est étonnés par les pantalons des enfants en bas âge : pas de couture à l’entre-jambes ! Du coup, plus facile pour le petit de faire pipi tout seul, et par conséquence, ils sont propres bien plus vite !
On a réussi à choper une image pour vous !
Pour l’anecdote : dans le Sichuan, dans la famille tibétaine où nous avions été accueilli, le petit qui devait avoir tout au plus 18mois s’est arrêté à un moment au milieu du salon, s’est accroupi, et psss… pipi sur le beau parquet du salon ! 🙂
- Et autre bonus, quelques photos du métro aérien pékinois, et ses contrôles de bagages systématiques mais inutiles (je suis passée avec mon couteau suisse sans problème)…