Mongolian steppes, suite !
Partie 2/2 : on a coupé l’article en deux pour qu’il soit plus facile à lire. Pour lire le début, c’est ici !
Et voilà les pistes promises !
La Mongolie sans les pistes mongoles, ce n’est pas la Mongolie !
60 kms après Karkhorin, la route asphaltée s’arrête brutalement. Commencent alors 24h de piste ! La piste traverse d’abord des plaines toutes vertes, puis après l’ascension d’un petit col on surplombe le lac Ogii. Un superbe spot pour déjeuner. Au abords du lac, on se retrouve envahis de nuées de moucherons. C’est trèèès désagréable, mais on profite quand même de cette eau pour se laver et remplir les gourdes.
Après le lac, la piste est une alternance de sable mou et de vaguelettes ; épuisant ! On ne fait pas long feu avant de poser la tente un peu écart de la route… puis de la bouger plus loin pour se cacher du vent qui se lève en soirée.
Le matin, plus reposés, on prend avec bonne humeur les 17kms de piste supplémentaires qui nous attendent, toujours entre sable et tôle ondulée (Mais d’où sortent ces satanées pistes en tôle ondulée ?). Mais quand on retrouve la route asphaltée, on saute de joie quand même ! C’est sympa la piste, on se sent vraiment en pleine nature, mais 50kms nous ont suffit pour le moment !
La route est tirée à la règle. On traverse le petit Gobi, zone désertique sous une chaleur accablante. En fin de journée, une moto s’arrête à notre hauteur : quelle surprise de voir là les bretons, nos amis cyclos ! Ils nous savaient dans le coin, et ont reconnu puis suivi nos traces sur la piste dans le sable. On pose le campement tous ensemble à côté d’une rivière (où, au grand damne des garçons, il n’y a pas l’ombre d’un poisson). Merci les amis, c’était trop chouette !
Au coeur de la culture mongole
Le lendemain est encore une chaude journée, sur de grandes routes droites – mais toujours très peu passantes. Cette chaleur écrasante est un peu dure à supporter… Et en fin de journée, les réserves d’eau sont dans le rouge, la prochaine rivière assez loin.
On coupe à travers champs pour atteindre une yourte. Par chance la maîtresse de maison parle quelques mots d’anglais. On découvre une famille adorable, qui élève chevaux, moutons et chèvres. Elle nous accueille à bras ouverts, nous sert à boire et à manger ; au menu à l’arrivée : riz et… quelque chose de difficile à identifier… des yeux ?! Non… on peine un peu à finir notre bol. On découvrira plus tard que ce sont en fait des testicules de moutons ! Ouf ! On goutte aussi au fromage blanc de chèvre traditionnel, un délice !
Peu après arrivent des amis du mari et ils passent un long moment à faire une sorte de concours de rodéo sur les jeunes chevaux assez sauvages. Fun !
A la tombée de la nuit (c’est à dire 22h30), les invités s’en vont et on va se coucher dans notre tente. À peine 20min après, le vent se lève brutalement, la tente se met à bouger dans tous les sens et se remplit sable : notre première tempête de sable ! Notre hôte nous dit de venir poser nos tapis de sol dans la yourte ; on replie la tente en catastrophe sous ce vent très fort et ce sable qui nous fouette le visage. Dans la yourte, c’est fou, on entend à peine le vent. On s’endort rapidement après cette journée pleine d’émotions.
Au matin, on quitte cette famille, émus de ce bel accueil. On roule 30kms jusqu’à la ville de Lun où on rencontre dans un restaurant un groupe d’occidentaux : ils nous parlent de leur projet en cours de caravane à cheval à travers la Mongolie et nous invitent à les rejoindre le lendemain.
On est curieux d’en savoir plus, alors le lendemain, après 45kms de route puis 12kms de piste on arrive à leur campement en plein milieu des steppes !
Un projet assez fou
On va passer un jour et deux nuits avec eux, et découvrir un peu ce projet. 14 personnes de pays différents vont passer 5 mois en communauté à travers les steppes mongoles, avec des chevaux mongols. Après une longue phase de préparation, ils commencent la migration doucement. C’est une groupe autogéré, tout le monde participe : des tours de gardes sont organisés toutes les 3h la nuit, il y a deux chefs cuistot par jour, quelqu’un chargé des 80L de ravitaillement en eau quotidien, etc…. Nous avons été impressionnés par ce projet et le courage des participants. Les conditions climatiques ne sont pas toujours faciles en Mongolie ; les chevaux qu’ils viennent d’acheter sont encore assez sauvages, prennent vite peur et s’enfuient souvent (ils ont alors l’aide des nomades mongols qui sont de véritables cowboys et rattrapent au lasso les chevaux en pleine course) ; les chevaux n’ont pas l’habitude de transporter des charges lourdes et c’est un grand jeu de patience pour leur faire accepter. Et seulement une moitié des participants sont habitués à gérer des chevaux, les autres ont surtout appris en arrivant. Et en plus d’apprendre à gérer ces chevaux un peu particuliers, il faut pouvoir supporter la vie en communauté restreinte pendant plusieurs mois, malgré la fatigue, la faim, le froid… Pas sûrs qu’on serait capable de faire ce qu’ils font !
Nous avons reçus un super accueil dans ce groupe et ça a été pour nous une très agréable parenthèse.
Pays du ciel bleu ?… pas toujours !
Au matin de notre départ du campement de base de la caravane, un agréable vent de dos nous pousse tranquillement. Sauf que… le vent pousse aussi vers nous de gros nuages noirs ! A midi, on a tout juste le temps de se trouver un abri sur le côté d’un bâtiment abandonné que les éléments se déchaînent. Ouf, on peut cuisiner au sec !
Après la pluie vient le beau temps, mais le vent a changé de sens : nous l’avons maintenant en pleine face. Les paysages sont un peu monotones, on peine à avancer. On pose la tente assez tôt. Au dîner, les nuages noirs s’approchent encore ! On a à peine fini de cuire nos spaghettis du soir qu’il faut vite se réfugier sous la tente : tempête de sable et de pluie. La tente est violentée dans tous les sens, on se demande si elle va résister. Mais au bout de 20 minutes, le calme revient. Malgré un peu de pluie, la nuit sera finalement assez paisible.
Le lendemain, jeudi 28 mai, il ne nous reste que 55kms à parcourir avant d’atteindre Oulan Bator.
La boucle est bouclée
Nous revenons chez Froit, notre hôte Warmshower à Ulan Bator pour quelques jours.
Nos visas russes ont été faits sans problème durant notre absence. Ça y est, c’était le dernier visa jusqu’à la fin de notre voyage ! Quel soulagement !
Malgré des conditions pas toujours faciles pour nous et le matériel – qui a pas mal souffert – nous gardons de très beaux souvenirs de ces 15 derniers jours.
Nous allons maintenant nous diriger tranquillement en vélo vers la Russie, dont nous devrions passer la frontière le 8 juin.