D’un Oulan à un autre : de UB à UU

Après notre périple dans les steppes, on passe 3 jours chez notre hôte Froit et sa femme ; ils nous accueillent tellement bien qu’on se sent presque comme à la maison. Mais il faut bien repartir un jour !

Bye bye UB !

Nous avons du temps avant le début des visas russes, Froit nous a conseillé un petit tour au nord d’Oulan-Bator (UB pour les initiés) dans des coins un peu perdus, avant de récupérer la grande route pour la Russie. Quelques jours de pistes en prévision !

Dès la sortie d’UB, le vent est de face – mais ça va, on est reposés après ces quelques jours. Notre route se transforme ensuite en piste et monte vers une forêt. Des arbres !! Ouah, ça faisait une éternité qu’on n’avait pas eu des arbres si proches de nous ! Mais le moral redescend quand on voit la piste qui continue à grimper et dont l’état se dégrade peu à peu… On se demande si les conseils de Froit correspondaient bien à des vélos chargés comme les notres…

Finalement on arrive sur un plateau superbe où quelques clairières apparaissent puis une grande plaine au milieu des montagnes ; ça devient plus roulant. L’endroit est très beau, on est presque tout seul hormis les habitants de quelques yourtes et leurs troupeaux.
Mais le vent et la piste – même si elle est de bonne qualité sans sable ni vaguelettes- , c’est crevant ! On pose la tente assez tôt un peu à l’abri du vent.

 
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Comment se rajouter 10 kms de bonus…

Le matin, on passe le village de Batsumber. 8kms après le déjeuner, Thomas me dit : « dis, tu n’avais pas 2 poches à eau à l’arrière ? » ; ben si… Damned. On a perdu l’eau pour le repas du soir et le petit déjeuner du lendemain ! Vu que c’est compliqué de trouver de l’eau en Mongolie, pas d’hésitation à avoir : il faut faire demi-tour ! On ne sait plus quand on a vu cette poche à eau pour la dernière fois… au déjeuner probablement…

Après 5kms en marche arrière, ouf, youpi, la voilà !

Petit paradis

On reprend notre route, et on passe dans des vallées sympas. En fin d’après-midi, on arrive à un col (1400 m d’altitude, ça va, rien à voir avec les cols chinois !) : c’est trop beau, plein de petites montagnes autour de nous, des fleurs comme celles qu’on voit dans les Alpes… et la descente nous réserve encore de superbes surprises : pelouse verte, arbres feuillus, troupeaux, le tout sous une jolie lumière de fin de journée ! Je crois que ça fait partie des plus beaux paysages qu’on ait vu en Mongolie. Ces paysages nous donnent des ailes – un peu trop d’ailleurs, ce qui entraîne une chute sans gravité (mais mon coude s’en souvient encore) dans les gravillons. On croise un nomade qui propose à Thomas un petit tour sur son cheval, puis on continue de descendre assez longtemps et on arrive à la rivière à 20h après 70kms de piste dans la journée ! Joli score ! La rivière est l’occasion de se laver : 1er campement en Mongolie où on peut se laver vraiment !

Ce paysage très vert et la rivière au milieu : un vrai bonheur.  Eh oui, la Mongolie – et plus généralement le voyage à vélo – c’est souvent la source d’extase de toutes petites choses !

 
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Objectif pêche !

On suit cette rivière pendant encore 2 jours, ce qui nous permet le premier jour de déjeuner au bord de l’eau et faire un brin de lessive. Une rivière, ça rend la vie tellement plus confortable ! Dans les vallées qu’on traverse, les terres sont un peu cultivées, chose rare jusque là. On croise même quelques champs où de la marijuana (sauvage ?) commence tout juste à pointer le bout de son nez : fun!

On fait un gros passage à gué, aidé par un nomade qui nous indique le bon endroit où traverser. Puis alors que le vent avait quasiment disparu les dernières 24h, il revient de côté et en quelques minutes prend sacrément de la force ! Au plus fort de la tempête, un local nous fait de grands signes : il s’approche et nous invite à se réfugier chez lui. Il nous offre le thé au lait salé mongol (ça ne paraît pas dit comme ça, mais c’est bon !) et des petits gâteaux. Après ce petit moment d’échange, le vent reste présent mais se calme un poil. On repart et on trouve une piste qui nous met le vent de dos : on fonce !

Avec ces conditions, impossible de trouver un coin abrité et encore moins de pêcher comme Thomas avait prévu… Sniff, c’était pourtant l’objectif de la soirée ! On fini par trouver une parcelle clôturée toute vide aux abords d’un village. Le vent se calme pendant le dîner : pfiou, un peu de silence, ça fait du bien !

 
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Une journée mémorable…

Jeudi 4 juin, on plie le campement sous un ciel gris et le vent de retour. Après un stop à la rivière pour le plein d’eau et à la ville pour le plein de nourriture, on arrive à se mettre à rouler… ah non, presque ! Encore une chute en poussant le vélo dans une montée en terre sableuse à la sortie de la ville ; cette fois c’est le genou qui prend !

Au déjeuner, la pluie s’invite à notre table… on est heureusement abrités sous un arbre. La piste continue vers de petites montagnes, et son état est très moyen. Le vent prend de la force, face à nous, ou un peu de côté. On s’approche doucement d’un col. Au plus fort du dénivelé, on ne peut plus pédaler : avec le vent, la pluie, et le gravillon de la piste, c’est trop dur ! On se met à deux pour pousser les vélos, pendant un bon kilomètre. Ouf, le plus dur du dénivelé est passé… mais derrière on découvre encore d’autres montées. La pluie tape de plus en plus fort, le froid arrive, il fait 4 degrés ; on a faim, mais impossible de s’arrêter en plein vent et pas un abri en vue sur plusieurs kilomètres, pas une yourte. Les nerfs commencent à lâcher avec l’épuisement et le froid.

Alors qu’il n’était pas passé de camionnette depuis près d’une heure, c’est au moment le plus dur qu’il en passe une ! On l’arrête et demande à aller jusqu’à la ville à 8kms de là. On fait la connaissance d’un jeune couple et leur fille de 6 ans. Ils nous déposent devant chez eux et nous invitent à entrer se réchauffer un peu ; ils mettent le poêle en route et nous servent le traditionnel thé salé au lait mongol. On revit !

La femme commence à faire à manger et nous fait comprendre que nous mangerons avec eux. Quel bon dîner après une pareille journée ! Puis ils nous proposent de rester dormir… et nous offrent leur lit ! Impossible de refuser sans les vexer. Bon, on savait que c’était arrivé à d’autres cyclos, mais ça fait quand même bizarre d’être invité à dormir dans un lit alors que ses propriétaires dormiront sur le canapé dans le salon ! On passe un bout de soirée à discuter avec la femme et les deux enfants, nos vidéos des pays précédents sont un bon moyen pour raconter notre aventure, ainsi que les pièces des pays étrangers visités.

Une si dure journée ne pouvait pas mieux finir !

 
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Vent du matin, vent du soir !

Après une nuit bien au chaud et un petit déjeuner à base de spaghettis faites-maison, on reprend la route… toujours avec un vent face et une route qui joue aux montagnes russes. La bonne nouvelle tout de même c’est qu’on en a fini de la piste, revoilà le goudron !

On se relaie face au vent, peinant à dépasser les 10kms/h sur du plat. Après 50kms à ce rythme, dans le village de Khongo, on essaie de trouver un endroit pour poser la tente… rien de terrible et la seule place qu’on trouve, c’est derrière un mur en béton avec la route passante pas loin derrière, dans un champ pas très propre.

Le soir, une fermeture éclair de la tente nous lâche ; c’est la loose… Y’a des jours comme ça !…

Changement de planning !

Bon c’est décidé, on n’ira pas jusqu’à la frontière à vélo. On ne voulait plus prendre de bus – car on en avait pris trop à notre goût en Chine – mais il ne faut jamais dire jamais ! Et le voyage à vélo apprend bien cela : il n’y a pas de certitudes, les événements nous forcent parfois (souvent) à changer nos plans. Bref, ras le bol de ce vent !

Le matin, on roule 25 kms (toujours face au vent) et on s’arrête à Darkhan, 3ème ville du pays, bien décidés à trouver un bus en direction d’Oulan-Oude, en Russie. Mais d’abord on trouve un hôtel avec eau courante (c’est assez exceptionnel en Mongolie pour le noter !). Quel bonheur de prendre une douche chaude et de pouvoir faire la lessive tranquillement. On trouve aussi 4 mètres de fermeture-éclair au marché, et une couturière qui nous la coud en 30 minutes et pour 5€ ! Et nous qui nous demandions si on allait devoir racheter une tente !

Petit tour en transmongolien

Finalement quitter la ville pour la Russie s’avère beaucoup plus compliqué que prévu. La solution qui nous paraît la moins mauvaise est de prendre un train direct pour Oulan-Oude ; le seul hic : il part à 2h45 du matin ! Et impossible d’acheter des billets le weekend, il faut les acheter avant le départ du train. Quand on s’y présente à 2h, la guichetière me dit que je ne peux pas acheter de billet pour Oulan Oude. Une jeune fille qui parle bien anglais me vient en aide pour traduire : ouf ! Il n’est possible d’acheter des billets internationaux que la journée. Notre seule solution est d’aller à la ville frontière, et attendre l’ouverture des guichets à 8h ; il y a un train à 10h, mais impossible de savoir s’il reste des places.

Nous embarquons donc dans ce train après avoir emballés nos vélos dans des grands sacs plastiques achetés au marché de Darkhan. Le train arrive à Sükhbaatar à… 4h30. Il nous faut remonter les vélos, et aller attendre 8h dans la salle d’attente de la gare (où une agent nous interdit de nous allonger sur les bancs – ce que nous faisons malgré tout dès qu’elle a le dos tourné).

8h fini par arriver ! Et bonne nouvelle : il reste des places en direction de la Russie – Youpi ! Nous montons donc dans ce train n° 263 du transsibérien, où un contrôleur très sympa nous accueille avec le sourire malgré nos vélos, et nous aide à les installer au bout du wagon. L’avantage du transsibérien, c’est que c’est un train couchette : on peut se reposer un peu après notre nuit blanche. Nous arrivons à la frontière où tous les contrôles se font à bord du train. À la sortie de la Mongolie, le contrôleur de l’immigration nous dit qu’on a dépassé de 24h le visa mongol : il est valable 30 jours et non 31 jours comme on croyait. Nos visas russes commencent bien aujourd’hui pourtant ! 24h de « no mans land » ? 🙂 Il nous dit qu’on doit payer amende… mais ne revient jamais la faire payer ; merci à lui.

L’arrivée en Russie est un peu plus longue, avec des contrôles multiples : passeports scannés et regardés sous toutes les coutures, cabine fouillée et passée au détecteur de chaleur, chien renifleur… C’est long mais facile ; pas de souci avec les vélos et les douaniers russes sont plutôt souriants : ouah, on ne s’attendait pas à des douaniers souriants en Russie ! Après les contrôles, nous sommes autorisés à sortir en gare pour une pause déjeuner. On décale nos montres d’une heure de moins et nous nous joignons à un groupe de voyage organisé le long du transsibérien, des retraités en bonne partie et un guide russe. On passe un chouette moment !

Le train repart et les paysages évoluent doucement : il y a plus de forêt, on passe a côté de lacs et de rivières, on découvre de jolies maisons en bois… Puis on arrive à Oulan-Oude avec de superbes lumières de fin journée. Après 11h de train, nous y sommes ! A nous la découverte de la Russie !

 
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Premiers pas en Russie – quelle surprise !

Histoire de récupérer de ce voyage un peu crevant, nous posons nos sacoches pour deux nuits dans une auberge de jeunesse. La UU travelers house est dans un appartement ; on se sent presque dans une collocation ! L’ambiance y est très agréable, on fait plein de rencontres, on partage nos bons tuyaux avec les voyageurs qui vont dans le sens inverse (Europe vers Asie).

On visite un peu la ville sous un joli soleil printanier. Après 6 mois en Asie, ça nous fait super bizarre d’être au milieu de tant de visages européens (même s’il y a encore environ 1/3 de visages mongols). Ça nous fait aussi bizarre de retrouver des produits connus et en nombre dans les supermarchés. Le décalage est énorme, on sent ici qu’on quitte vraiment l’Asie. Petit pincement au coeur de quitter ce continent ; même s’il y a eu des côtés difficiles à comprendre ou à supporter, il nous a fait vivre tant de si beaux moments !… Mais en même temps, quelle joie de retrouver quelques repères européens à travers la Russie !

Bref c’est dans cet état d’esprit si partagé que nous nous apprêtons à aller découvrir la Sibérie ; à nous le lac Baikal, où d’autres aventures nous attendent !

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