Premiers pas en France

Notre retour en France nous fait un premier choc de retour. Après un an dans une bulle où nous ne saisissions que des bribes de ce qui se dit, retrouver sa langue maternelle partout autour de soi est un peu rude…

Ça nous fait très bizarre de tout comprendre quand les gens parlent autour de nous, bizarre de nous adresser aux commerçants en français. On se prend souvent à penser en anglais avant de s’adresser à quelqu’un. Bref, on a l’impression d’un excès de stimulations, c’est crevant !

De l’Alsace à la Lorraine

Nous passons deux jours à Strasbourg entre amis et famille, à découvrir cette jolie ville. Ça réchauffe le cœur et ça permet d’apprécier ce retour au pays : hum un bon vin d’Alsace ; miam un bon jarret de porc, un bon bout de fromage avec une baguette qui croustille juste parfaitement !

On reprend la route en direction de Nancy par le canal de la Marne au Rhin. Sur une portion, entre Saverne et Sarrebourg, la piste cyclable suit l’ancien canal, asséché. Dans cette vallée très encaissée, l’ambiance qui règne est particulière : maisons d’éclusiers dont certaines sont en ruines, portes des écluses mi-ouvertes coincées par la rouille, fond du canal envahi par les joncs…

A peine retrouvé, le canal part se cacher dans un tunnel. C’est sur les hauteurs de cette colline que nous trouvons refuge pour la nuit dans le jardin de Yann et sa femme, des laotiens immigrés en France enfants, alors que la guerre faisait rage dans leur pays, dans les années 80. Ils nous invitent à dîner (en plus, ils sont traiteur asiatique !) et nous vivons une inoubliable soirée avec eux à parler du Laos que nous avons visité, de la sensation d’être apatride car ni la France ni le Laos ne les accueille vraiment comme faisant parti des leurs ; du poids de leur vécu car Yann se souvient précisément de sa fuite quand il avait 9 ans ; des souffrances des générations passées et futures qui elles aussi ont du mal à trouver leur place ; mais aussi de la l’actualité brûlante des immigrés d’aujourd’hui, sujet sur lequel ils ont un avis bien différents l’un et l’autre, avis parfois très surprenant compte tenu de leur histoire…

 
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A Nancy, on est accueillis dans la famille le samedi, chez un cousin. On est très agréablement surpris par cette ville : bien plus attirante que nos a priori nous laissaient imaginer.

Malgré un beau soleil automnal, la journée sur les routes après Nancy ne voit pas beaucoup nos sourires : terriblement déprimant, un dimanche dans la Meuse, quand on vient tout juste de rentrer d’un an autour du monde, voyage plein de chaleur et de rencontres : les villages en pierre blanche ont un aspect assez froid, les rues sont absolument vides. Heureusement, le vélo permet d’avancer suffisamment vite pour que ce passage soit de courte durée. Dès le lundi, on retrouve des villages moins vides, des maisons à colombages et même en fin de journée : des vignes ! Nous voilà en Champagne !

Des vignes et des bulles !

La région Champagne-Ardennes nous accueille bien ! Des superbes vignes à perte de vue tout autour de Reims, un hôte warmshowers à Reims avec qui on partage nos expériences de voyage autour de quelques bières, une petite cave familiale de production de Champagne où la femme prend 2h pour nous faire goûter, nous expliquer, nous faire regoûter – vous saviez que la pression d’une bouteille de champagne est la même que celle d’un pneu de vélo – 6 bar ? – …

La région est aussi celle de la guerre 1914 – 1918, et ce passé est très présent partout : Voie sacrée, multiples cimetières militaires (français, italien, américain, anglais…). C’est quelque chose d’être face à tous ces témoignages de cette terrible part de l’histoire.

 
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De colline en colline, de champ en champ, nos pensées s’en vont parfois loin de là. Les vignes nous rappellent tous ces champs vus autour du monde : coton, riz, choux, maïs… Les cimetières nous font nous souvenir de tous ces cimetières de par le monde. Tout nous rappelle qu’on va bientôt rentrer ; on est qu’à moitié « sur place », les pensées se promènent entre passé plus ou moins loin, et futur, avec tout ce qui nous attend au retour. On a l’impression que le temps n’est plus vraiment à la découverte mais au cheminement, autant physique que psychologique, vers le retour.
En même temps, les conditions climatiques nous poussent aussi à rentrer : le vent nous pousse plusieurs jours de suite vers Paris ; il fait beau, mais le vent froid nous saisi dès qu’on s’arrête de pédaler. Alors peu à peu, on se prépare !

Malgré tout, le panneau « île de France » nous fait tout drôle ! Ca y est, on passe des collines agricoles aux grands plateaux de la région parisienne. Et en fin de journée le 2 octobre, nous voilà à Coulommiers, où on pose la tente près d’un champ de maïs ; l’ambiance sonore étant déjà presque parisienne, avec le passage régulier des avions au dessus de notre tête et le fond sonore de la circulation au loin.

Dernière journée avant Paris

Ils avaient roulé avec nous la première semaine de ce périple, revoilà Erwan et Géraldine, pour nous accompagner dans un autre moment important de notre voyage : l’entrée dans Paris.

Nous les retrouvons à la gare de Mouroux, puis… en route ! On retrouve vite nos bonnes habitudes de cueillettes de fruits sauvages, de papotages, on se raconte nos dernières aventures respectives en vélo. Pour pouvoir profiter ensemble, on évite les routes passantes et on coupe par des chemins de forêts : bon au début on patine pas mal dans la boue, mais l’état des chemins s’améliore au cours de la journée. Dans un village, on discute avec une mamie qui nous offre des pommes de son jardin : finalement, les français aussi savent être accueillants !

 
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D’une forêt domaniale à une autre, sans avoir pris trop de routes, on arrive bientôt à Valenton, et sur les bords de la Seine. Il ne suffit plus qu’à longer sa rive vers le nord ! Pas si mal pour une entrée dans Paris !

Cette journée à papoter avec nos amis nous évite de trop penser et de réaliser que nous revenons au point de départ de notre aventure, notre dernier lieu fixe d’habitation ! Merci les cocos, c’était cool de nous accompagner pour cette journée !

Paris

Pour les étrangers qui ne connaissent pas la France, cette ville est le symbole du pays, et parfois même la seule ville qu’ils connaissent – avec la tour Eiffel en symbole. Cette ville dont nous avons si souvent entendu le nom quand nous disions « nous sommes français », cette ville où nous avons vécu avant de devenir « sans domicile fixe à vélo ». C’est plein de symboles que nous retrouvons ici, sur nos vélos chargés de nos sacoches ; la mémoire et le coeur bien plus remplis que lorsque nous l’avons quittée.

Nous passons le week-end avec plusieurs amis. Nous retrouvons de nombreux endroits où bien souvent avant cette aventure, nous allions en vélo : les quais de Seine en centre ville qui ont souvent vu nos roues, en journée ou en retour de soirée ; le champ-de-Mars le temps d’un pique-nique ; tout le centre-ville avec Le Louvre, Notre-Dame, la Concorde… Ce sont plein de souvenirs de nos années parisiennes qui reviennent à la surface. Le souvenir d’années chouettes, mais d’un passé dont nous ne sommes pas nostalgique non plus : c’était super, mais nous souhaitons autre chose pour l’avenir.

Après une nuit à Guyancourt dans la famille, nous quittons Paris pour nos derniers jours de route. Mais nous ne sommes pas seuls pour cette dernière semaine… et encore moins pour le dernier jour ! La suite par ici !

 
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