Vers la dernière frontière

Vendredi 18 septembre, le hasard fait bien choses : nous sommes à Constance, de retour en Allemagne donc, et ce jour-là c’est l’ouverture de… l’Oktoberfest !


Nous pensions que c’était une fête uniquement munichoise, mais non ! Elle est maintenant répandue dans toute l’Allemagne ! On tombe pile pour le défilé des fanfares – avec même une délégation française !
Après ce moment festif, on reprend la route, un ballon Paulaner accroché au vélo et le ventre rempli de mini bretzels. La rive nord du lac de Constance se montre sous son meilleur jour, avec le soleil qui pointe son nez 1h avant d’aller se coucher (le flemmard!).

Encore deux ou trois jours à rouler dans le länder du Baden-Württemberg. On alterne entre pistes cyclables et petites routes de campagne ; routes qui d’ailleurs ont parfois des dénivelés impressionnants (mais sur de courtes portions) : 10 – 13% voire même une fois 18 % indiqués (en descente, rassurez vous !).

Quant aux pistes cyclables, les allemands les prennent très au sérieux : on se prend plusieurs fois des réflexions par des piétons car nous sommes sur la route (même s’il n’y a aucune voiture) , alors qu’il y a une piste cyclable sur le côté… La rigueur allemande a parfois du bon, mais ne laisse pas trop place à la liberté de choisir ce qui nous parait être le meilleur pour nous : route en bon état et sans voiture, contre piste cyclable faisant plein de détours et aux bateaux pas toujours bien réalisés…

En Allemagne comme en France, le dimanche est sacré : on retrouve des ambiances connues avec tous les magasins fermés (supermarchés compris), les gens qui se promènent en famille ou sortent leur voiture de collection… On tombe même sur un meeting d’aviation ! On y passe un moment à regarder les planeurs décoller, ce qui me rappelle quelques souvenirs avec mon frère aîné.

La traversée de la forêt noire nous enchante ; tout en longeant un fleuve, on se sent en montagne. Et puis grâce aux refuges indiqués par notre application maps.me, on déniche toujours de mémorables lieux pour dormir : une petite maison au fin-fond de la forêt construite il y a plus de 50 ans, où on se sent perdu loin de tout, into the wild ; ou encore une hutte avec source, place pour le feu et supermarché à 3 minutes en vélo, qui nous permet le trio gagnant feu-grillades-douche en pleine nature. Jusqu’à la dernière nuit à l’étranger de notre périple… Encore un super refuge avec vue sur toute la vallée.
Dernière soirée à l’étranger, c’est un pas important, on le sait… Alors quand au matin on se dit « ça y est, aujourd’hui on rentre en France », eh bien… on a du mal à se préparer et quitter le campement. Toute la journée, le coeur est un peu serré. On repense à ces mois de voyage à l’étranger avec déjà de la nostalgie et l’envie que ça continue. S’adapter sans cesse, apprendre des nouvelles langues, parler anglais : ça va nous manquer ! Heureusement, le soleil est là pour nous réchauffer le corps et le coeur, ça aide à pédaler. Toute la journée on longe des canaux, on traverse des champs de maïs : ça avance vite. On compte le nombre de kilomètres qui nous séparent de la frontière et on voit ce nombre réduire dangereusement. On filme un peu, histoire de graver cet instant et nos sensations du moment. Bientôt, on entre dans la ville frontalière de Kehl : plus que 2km… plus qu’1… et nous voilà en bas du pont piéton qui traverse le Rhin : de l’autre côté, c’est la France !

« On fait quoi, on traverse ou pas ? »

On monte, on traverse doucement ce pont ; pas de panneau France pour nous accueillir, mais un fleuve qui permet de prendre conscience que c’est la dernière frontière… De retour sur la terre ferme, on hésite… puis on pose enfin le pied sur notre « terre natale ».

Lundi 21 septembre 2015, nous retrouvons la France, douze mois après l’avoir quittée.
Bienvenus chez nous !