Laos part I : le plat pays

Une entrée fracassante !

Rhaa le bonheur des postes frontières ! Notre premier contact avec le Laos a été a mille lieues de ce qu’on a vécu ensuite. Heureusement !!


22 janvier : après le traditionnel remplissage de renseignements au poste frontière, nous allons au premier guichet pour payer les 30$ de visa chacun. Le douanier nous réclame 31$, soit 1$ « pour le service », c’est à dire allant directement dans sa poche. Niet, pas de bakchich pour nous. On patiente, on laisse passer un bus de touristes et on revient ; non, on n’est pas pressé, on peut dormir ici s’il le faut, on a la tente. La technique du douanier est de refuser de parler, de fermer la vitre du guichet, bien énervant… Une heure après notre arrivée, on parvient à avoir notre visa… mais il faut passer au guichet suivant pour le tampon. Le douanier suivant demande 2$ par personne. Pas question de céder. On fini par installer le banc devant le guichet, histoire d’être bien installés pour patienter ce qui énerve bien ce douanier qui par deux fois fait mine de frapper Thomas en nous disant « Go back Cambodia ! Go back Cambodia ! ».

Pour débloquer la situation, on essaie d’appeler l’ambassade de France à Vientiane (ou plutôt bluffer un appel étant donné que le réseau est insuffisant, et la dame de l’ambassade n’entend pas la moitié de ce qu’on dit). Paf, paf, tamponné ! On ne demande pas notre reste, et on enfourche nos vélos (non sans avoir vérifié que tout était rempli correctement). Au total on aura passé au moins 2h à la frontière ! Les nerfs ont été mis à rude épreuve, on se défoule en appuyant tout ce qu’on peut sur les pédales.

Que de beaux souvenirs ensuite.

On arrive dans le coin des 4000 îles, on vise l’île de Don Khong qu’on nous a dit être la plus belle. Au final on rate les cascades des îles plus au sud. On manquait un peu d’infos sur le coup, mais bon, pas grave. On arrive sur l’île par un pont mis en service en octobre dernier : tout beau tout neuf ! Après un passage à côté de rizières vertes pétantes sous la lumière du soir, on atteint le village de Muang Kong. Dans la guesthouse que l’on trouve, il y a… l’eau chaude ! Ça fait au moins un mois que nous prenons des douches froides ; c’est peut être un détails pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup : luxe ultime !

On passe une journée de repos dans ce village où la plupart des touristes sont français. On discute avec pas mal de monde, on se repose… et Thomas « profite » de cette journée pour faire une petite tourista éclair de 24h. La première depuis notre arrivée en Asie.

On reprend la route le lendemain, avec l’excitation de découvrir un nouveau pays : les quelques locaux qu’on a rencontrés jusque là nous ont paru adorables, on a hâte de voir si c’est une généralité du pays.
Pour sortir de Don Khong, Google Maps ne marquait pas beaucoup de route possibles… Après renseignements auprès de locaux, on sait qu’on peut remonter sur le nord de l’île et trouver un « bateau » pour passer sur la rive ouest du Mékong ; et ainsi éviter la route 13, reconnue par tous les cyclos comme étant très ennuyante. Nous voilà partis un peu à l’aveugle (après un petit coup d’oeil à Google Earth quand même !). Les routes sont plutôt en bon état et nous trouvons rapidement notre chemin pour Don San, et quelques pistes pour accéder au bateau en question. Notre things to do – activité sur le Mekong, en mode « catamaran laotien » valait le détour ! Une fois de retour sur la terre ferme, nous nous dirigeons plein Nord, au plus proche possible du fleuve. Une piste, parfois lisse, mais plus souvent bien défoncée, nous fait traverser une succession de petits villages. On sent la vraie vie locale qui s’active, travail dans les champs, élevage, fabrication de charbon,… Les villages sont colorés, les maisons parfois un peu décorées. Les gens ne sont que sourires et « sabaidee » (Bonjour en Lao), autant les adultes que les enfants ; on a mal au bras et la bouche sèche à force de faire des coucous et répondre aux « sabaidee ». On se sent tout de suite bien, c’est un vrai bonheur de rouler ici malgré la route parfois en très mauvais état.

Le soir, dans un village, on demande à poser la tente quelque part, et une jeune fille nous montre sa maison. Après confirmation de l’accord des parents, on monte la tente dans le garage. Pour communiquer un peu, on ouvre google translate sur le téléphone ; un conseil : n’essayez même pas, la traduction est tout simplement incompréhensible dans un sens comme dans un autre. Testé et désapprouvé ! On en revient aux bons vieux outils : la jeune fille sort son cahier d’anglais où il y a des phrases toutes faites. On apprend qu’elle a 15 ans, alors qu’elle en fait au moins 20 (autant physiquement que dans ses prises d’initiatives) ! C’est un truc qui se vérifiera souvent : les gens font souvent bien 5 ans de plus que leur âge au Laos ; oui, c’est sûr, ils n’ont pas les mêmes conditions de vie que nous. Nous passons une bonne soirée avec eux (les parents et 3 enfants), partageons un repas préparé par la maman. Avec le cahier d’anglais, nous arrivons à échanger un peu.

Nous repartons le lendemain matin à travers les villages du bord de fleuve. Cette route fait partie des meilleurs souvenirs du Laos au niveau échange avec les locaux. Mais rassurez vous, on a vécu plein d’autres belles choses ensuite !

 
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Un peu fatigués de cette piste, nous récupérons une route. Elle a été rénovée il y a deux ans et elle est déjà pleine de trous. Nous croisons un américain marié à une laotienne : il nous parle de la corruption du pays, du manque de moyens réellement alloués aux infrastructures routières dans ce régime marxiste… Les dirigeants se servent et le reste sert à construire les routes…

Bref, après ce moment d’échange on part visiter Wat Phu, un temple qui fait partie de la série des temples d’Angkor, et qui a comme caractéristique d’être à flanc de montagne. Pendant que Thomas garde (et nettoie !) les vélos, je pars visiter ce temple et fait la rencontre de Marion et Guillaume, backpackers français autour du monde. Nous passons un long moment à échanger, trop chouette ! Après avoir tant parlé, plus le temps de faire les 40 kms qui nous séparent de la grande ville de Packsé : 10kms jusqu’à Champassak suffiront pour ce soir. Et ça tombe plutôt bien puisque nous trouvons une guesthouse hyper sympa, plein de backpacker, mais aussi Jeannine et Daniel, deux cyclos retraités, pour trois mois en Asie. Comme nous avons un peu le même itinéraire pour les prochains jours, nous décidons de rouler ensemble, après une très bonne soirée et quelques Beer Lao, la délicieuse bière du pays.

 
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Le plateau des Boloven

Nous sommes contents de rouler à quatre. C’est chouette de pédaler tout en papotant, et ça fait passer plus vite la montée vers le plateau des Boloven. Car au cours de la journée, on a quand même avalé 1000m de dénivelé positif ! Mais la montée est très jolie, les caféiers apparaissent peu à peu, le café récolté sèche par terre dans les cours sur des grandes bâches bleues. On voit de près la vie qui s’active autour de cette récolte de café.

Le soir, on trouve un temple pour poser la tente. Pas d’échange avec les moines : les moines ici ont l’air plus renfermés qu’au Cambodge (par contre ils ont un tout ptit chiot troooop mignon qu’on aurait bien emporté avec nous…). Avec la nuit qui arrive, c’est aussi la fraicheur qui tombe : nous sommes en altitude, et pour la première fois depuis que nous sommes en Asie, nous ressentons la sensation de froid. On ressort les polaires et les duvets (bon ok, il fait 10°, mais on n’a plus l’habitude nous !).
Mardi 19 janvier, après encore 300m de dénivelés, nous voilà sur le plateau. Dans une route caillouteuse, vers les coups de midi, un gros bruit métallique sur la roue arrière du vélo de Thomas. Verdict : le dérailleur est pris dans les rayons, il est tout tordu. On s’arrête sous le soleil qui tape, pas une zone d’ombre en vue, pour faire une réparation temporaire. Rapidement un groupe d’une dizaine d’enfants nous entoure.
Thomas repart avec 5 vitesses fonctionnelles sur 8…
L’heure tourne, tout le monde commence à avoir faim, et on n’arrive pas à trouver les cascades dont on nous a parlé. On est maintenant sur des pistes qui montent et qui descendent, les nerfs se tendent un peu. On est prêts à sortir le réchaud pour cuisiner nos pâtes de secours quand on croise un couple en scooter : les cascades ne sont plus très loin, il y a une guest house pour manger et passer la nuit !
On arrive à 14h dans ce ptit coin de paradis au milieu de nulle part. On décide tous les 4 d’y rester pour deux nuits histoire de profiter du lieu. On s’installe dans des bungalows de bambou, on va se baigner et faire la lessive dans la rivière en contrebas. On passe la soirée avec un groupe de jeunes français qui font le tour du plateau en scooter, à papoter et jouer à la belote.
Au petit matin, on marche un peu pour aller voir les cascades. La plus grande est vraiment magnifique, et on est seuls sur le lieu. Avec le soleil dans le dos, un superbe arc-en-ciel se dessine devant la cascade, l’herbe et les petites fleurs violettes. C’est splendide ! On a du mal à quitter ce lieu envoûtant.
On descend un peu plus loin et on trouve une rivière où on peut se baigner et discuter sur les berges en pierre.

 
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Première grosse casse

Jeudi 21 janvier, après avoir retrouvé une vraie route, une très belle et longue descente nous attend. Puis la route s’aplatie… et ne fait que monter tout l’après midi !
Au kilomètre 96, Thomas d’arrête net : le dérailleur est cassé pour de bon, il ne tient plus que sudpendu par son câble… il est 17h30.
Thomas décide de réduire la chaîne et n’utiliser qu’une vitesse pendant que Daniel et Jeannine partent devant trouver une guesthouse car la nuit tombe. On avance doucement car la chaîne saute et pédaler devient un cauchemar dans les montées. Mais 6 kms plus tard, une douche chaude nous attend à Thateng ! Affamés et fatigués, mais content d’être arrivés : au total pour cette journée, 102kms, 1000m de dénivelé… et un dérailleur en moins.
Au petit matin, on dit au revoir à nos amis et partons à la recherche d’un dérailleur dans le grand marché de la ville. On en déniche un pour 2€ ! Avec des pièces en plastique certes, mais ça fera l’affaire pour aller jusqu’à Vientiane.
La journée est assez facile, beaucoup de descentes. En fin de journée, on passe dans de beaux paysages de rizières, avec toujours beaucoup de sourires des gens, souvent impressionnés par notre embarcation.
Après 90kms, on trouve un temple dans un village, qui a l’originalité de n’héberger qu’un seul moine.

 
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Retrouvailles

Samedi 23 janvier : on a rendez-vous ce soir avec les dudus, nos amis cyclos de Turquie : il descendent vers le sud et nous on monte vers le nord, nos chemins se croisent. On sait qu’il faudra faire au moins 100kms, mais on est motivés, on a hâte de les revoir ! On quitte nos belles rizières vertes pour retrouver la route 13, peu intéressante ; ça nous permet de foncer. Il y a peu de circulation, et le vent est de côté puis de dos. À 16h30, à Paksong, on a avalé 121kms !

Peu après arrivent les Dudus – et aussi par hasard les Bousseau. On est trop heureux de se retrouver, se raconter nos aventures depuis qu’on s’est quittés. On n’arrête pas de parler, on se couche à 1h du mat’.
Réveil 7h, ça pique un peu. Ce qui est cool avec des cyclos qui voyagent avec des enfants, c’est qu’ils ont toujours un pot de Nutella avec eux ! Un bon petit déjeuner pour se réveiller. C’est dur de se quitter déjà, et on donne les premiers coups de pédales à 10h, chacun partant dans son sens.

 
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En route pour la capitale

On reprend notre route 13 et son vent de dos ou de côté. À un croisement, sur un coup de tête, on décide de tourner vers Savannakhet où on pourra prendre un bus pour Vientiane et gagner quelques jours. C’est ça qui est génial avec le voyage à vélo : on peut changer d’avis au dernier moment, changer ses plans quand on en a envie.
Savannaketh est une ville avec une architecture très coloniale, c’est sympa. Les rues sont larges, propres et agréables.
Notre bus de nuit étant à 21h, on a un peu de temps qu’on occupe avec Benjamin, un français, et les Bousseau (encore eux !) et un cyclo américain, autour d’un barbecue Thaï.
La nuit dans le bus est courte car c’est à 4h30 du matin que nous arrivons à Vientiane ! On reste dans la station jusqu’aux premières lueurs du jour et pédalons les 15 kms qui nous séparent du centre ville.

Vientiane

Le centre ville touristique, située au bord du Mékong, à quelques pas de la frontière Thaïlandaise, est assez jolie. Beaucoup de maisons type « coloniales », on sent bien l’ancienne présence française. Et pour une capitale, la ville est extraordinairement calme. Peu de choses à visiter, mais beaucoup de restaurants européens : nous dégusterons une glace un soir, et une pizza au feu de bois un autre soir. C’est fou comme la privation nous fait apprécier les petites choses ! Mmh cette pizza ! On rêve encore de ce goût fabuleux ! (Oui on commence à être un peu en manque de certains plats français/européens. .. Non ne nous parlez pas de fromage ou de vin !)
C’était cool aussi de se promener dans le marché de la ville. Une fois de plus, on y trouve tout ce dont on a besoin en cherchant un peu. Et les mini allées ne sont pas du tout envahies comme c’était le cas à Phnom Penh par exemple.
A Vientiane, on a également pu faire du neuf sur nos vélos. On a eu un peu de mal, mais on a trouvé le magasin tenu par un français. Il nous a remis à neuf nos bébés et nous a donné plein de conseils pour en prendre soin. Merci Willy !

Note pour les cyclos qui le chercheraient : le magasin, Top Cycle Zone, est dans la rue Dong Palan, avant le supermarché D-Mart. Ses coordonnées GPS : 17,96294021°N ; 102,62119889°E.

Bref, après ce repos et ces réparations, nous avons repris la route en direction du Nord et ses montagnes. Encore de belles images et de belles rencontres. A suivre !

 
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